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Les pitres aux chiens

 

III - Echange canin [Extraits]

[Alain Lesueur, à voix basse, à l’adresse de Jacky Damballa :]
Laisse béton, Jacky, lui au moins Hayot, c’est un Grand Genre De Blanc Béké (GGDBB)... Contrairement à ces médiocres petits morveux merdeux du LKP ! Ah Ah Ah !!! Elle est bien trouvée celle là !

[Jacky Damballa, dans un strident aboiement - Il est issu d’un curieux croisement du chien de Guadeloupe & d’une bête longue de la mythologie vaudou, Damballa :]
Tu me déconcentres... Je suis sur le point de terminer notre texte. Si tu t"ennuies, sers toi du bon vin... J’en ai ramené des caves de la rue Oudinot.

A propos, Dany... Te souviens-tu de ce couple de labrador que nous
avions alors aperçu du temps où nous nous rendions : un mâle blanc flanqué d’une jeune créole au teint brun clair ?!
Leur apparence créole nous aura perdu. Las ! Ces deux là n’étaient - contrairement à nous Autres - ni blancs ni chiens ! Il n’y a hélas que les chiens noirs pour se peindre en blanc...

Mais alors Jacky, et Willy ???!!!... Et Victorine ???!!!

Quoi Willy !!!

...

[Ayant finalement compris, Jacky reprend :]

Il est bien un chien créole, lui notre Willy ! & pareil pour sa Victorine ! Ils sont peut-être tous deux issus d’un mauvais élevage, mais auront reçu un excellent dressage !!! Dayè pou yonn, finn’ avè sa !!!

[David :]
Et moi alors, papa...

Kant à toi, la question ne se pose pas... Et toi le David, n’oublie jamais : Tu es de l’école philologique de la Tour Frébault... Tu sais bien, Kant et sa conception anthropologique des races humaines...

Mais nous, nous sommes que des chiens, papa...

Non, non, détrompes toi... Nous sommes des chiens Autres... Des chiens dits de race !

[Dany, pensive :]
Curieux pays que le nôtre...
Mais Colette, toi qui t’y connait en matière d’infamies : où est-il déjà, ce quartier malfamé ?!

Ah sa ! Sé pa posib ke je te le dize Dany... An pa fè gwan lékòl... Sé Lulu ki ké pé di nou sa byen !

[Ils s’interrompent, oreilles dressées... Au loin, les pas approchants du Maître...]

En définitive, tel est le message que nous délivre « nos » élus et « nos » intellectuels : pour les uns, lorsque vous nous avez élu, vous nous avez délivré un « blanc-seing ». Pour les autres, « navrés, mais nous sommes toujours sous le joug colonial. Nous fonctionnons donc comme tel, comme au début du XXème siècle, où les premiers instituteurs noirs étaient quasiment déifiés ».

Vous nous devez donc soumission et obéissance. Vous devez apparaître lorsque nous vous appelons, et non pas lorsqu’un affranchi vous invite à envahir notre palais.

Ce à quoi le bas peuple répond…que :

- Le 5 mai 1789 se sont ouverts en France… des Etats Généraux (oui, oui), où l’on a vertement attaqué Marie-Antoinette, désignée comme étant l’incarnation du gaspillage de l’argent publique…Le peuple a faim…
- Le 14 juillet 1789, le peuple prend la Bastille.
- Le 15 juillet 1789, le Duc de la Rouchefoucault-Liancourt en informe le roi Louis XVI. Suit ce célèbre dialogue :

    • C’est une révolte ?
    • Non, sire, ce n’est pas une révolte, c’est une révolution.
      - Le 5 octobre 1789, une manifestation de femmes marche sur Versailles, réclamant du pain. Marie-Antoinette a alors cette remarque désormais célèbre : « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! »…

Nous connaissons tous la suite… :

- En Août 1792, c’est l’insurrection. Cette journée marque la fin de la monarchie française et le début de la République (rappelons ici la définition du mot république : « La république est une des formes constitutionnelles de l’État, qui se conçoit comme consubstantiel du peuple. Toute république doit donc être comprise, définie et fondée par opposition aux conceptions monarchiques ou théocratiques de l’État et de la Nation ».…

Par ce rappel historique, nous honorons à la fois nos maîtres penseurs, nos anciens enseignants tant respectés, mais aussi notre président de Région.

Nous honorons surtout le peuple Guadeloupéen qui a su permettre à tous ces tristes sires de rappeler quelques notions et définitions essentielles.
Mé pèp Gwadloup pé ké pwan 3 lanné pou fè zôt konpwann, que le temps des suprématies de toutes les dominations, qu’elles soient raciale, capitaliste, électoraliste, népotique, faussement intellectuelle… est bel et bien fini.

Nous, Guadeloupéens affirmons aujourd’hui, que nous sommes libres.

Nous ne sommes pas seulement libres de marcher. Nous sommes libres d’entrer dans les maisons du peuple, comme nous l’avait suggéré Toto sous l’œil des caméras en 2004 lorsqu’il avait « pris » la Région.
Nous sommes libres de parler, libres de penser, libres de dénoncer, libres de libérer la Guadeloupe de tous ces pouvoirs autoproclamés, de tous ces abus de position dominante, de tous ceux qui vendent notre pays à vil prix.

Car, il est quelque chose que nul ne pourra jamais dresser à la manière d’un animal, que nul ne pourra domestiquer : notre âme, notre conscience.

Publié par Ibuka le vendredi 29 mai 2009

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