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DECLARATION DE L’UGTG POLE EMPLOI A PROPOS DU SEMINAIRE SUR LES METIERS DITS EN TENSION
Vendredi 15 octobre 2010, sur RFO Radio Guadeloupe, dans un reportage consacré à un énième Séminaire (cette fois-ci consacré aux "Metiers en Tension" en Guadeloupe) initié par la Direction du travail et la Préfecture, nous avons entendu l’intervention d’une directrice adjointe du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, précédée de celle d’une responsable d’une structure d’insertion.
Celle-ci, Mme TOTO..., interrogée sur les difficultés à pourvoir les offres dans certains secteurs d’activité, a longuement ânonné quelques lieux communs tantôt contestables, parfois honteux :
Ainsi, selon elle, si des entreprises de Guadeloupe rencontrent des difficultés incommensurables pour trouver et embaucher dans les métiers du bâtiment (coffreur-bancheur, maçon, et, tenez vous bien, manœuvre) ce serait en raison :
Autrement dit les centaines de jeunes et adultes titulaires de diplômes de niveau V dans les Métiers du Bâtiment seraient à ce point incompétents et non motivés qu’il ne resterait plus à leur proposer que des contrats d’insertion, et autres contrats aidés. Qu’ils s’empressent – ces ingrats et ces fainéants – de refuser !
Celle-là, Mme ROMUALD, inspectrice du travail à la DRTEFP, de tenter de tempérer les propos de sa devancière à l’antenne en expliquant qu’il y aurait aussi et surtout un problème « d’Image » lié à ces métiers et de certains secteurs d’activité (dont celui du Bâtiment et des Travaux Publics)… Une pâle resucée d’une idée rabâchée depuis tantôt en France… Et qui fonde la tenue d’un « Séminaire »…
S’agissant de l’intervention de Mme Catherine ROMUALD – Directrice du service Développement de l’Emploi à la DRETFP - L’UGTG Pôle Emploi Guadeloupe considère comme particulièrement grave qu’un responsable puisse tenir des propos aussi indigents sur la réalité du chômage en Guadeloupe, notamment celui des jeunes.
S’agissant de l’intervention de Mme TOTO, présentée comme étant conseillère en insertion, L’UGTG Pôle Emploi Guadeloupe s’étonne qu’une « professionnelle » en charge de publics considérés comme étant en difficultés, puisse à ce point ignorer que le Bâtiment est l’un des secteurs en Guadeloupe abritant le plus grand nombre de salariés non déclarés ; et quand ils le sont, de salariés victimes du non paiement de leurs heures supplémentaires, du non respect de leurs droits les plus élémentaires, et du non versement de leurs charges sociales par les employeurs (cf. rapport IGAS sur les comptes de la CGSS de la Guadeloupe).
Cela en dit long sur les représentations qu’ont ces gens là des jeunes et des adultes qu’ils sont censés pourtant « insérer ». Et encore plus long sur leur niveau de compréhension des mécanismes d’exclusion des Guadeloupéens du marché du travail : une bonne part de la jeunesse « réformée » par l’Education Nationale ; ceux disposant d’un diplôme ou d’une formation qualifiante obligés d’accepter des emplois sous-qualifiés avant de perdre les compétences (le socle) acquises initialement ; racisme à l’embauche des entreprises françaises et békés…
Cela en dit aussi long sur l’appétence de ces deux personnes pour ces « publics » et ces chômeurs qu’elles sont censées, l’une insérer, l’autre étudier…
Cela dit enfin tout de la volonté acharnée de rendre les Guadeloupéens responsables des maux qui les frappent :
Les métiers en tension : parlons-en un peu !
Pour bien comprendre de quoi il est question : est dit en tension, un métier pour lequel il existe plus d’offres (d’emplois) que de demandes (chômeurs inscrits ou non).
Sachant cela, comment comprendre que des métiers tels qu’agent de sécurité, animateur pour enfant, maçon, jardiniers d’espaces verts puissent figurer dans l’inventaire à la Prévert qui tient lieu d’étude et de fondement « scientifique » pour la tenue de ce « Séminaire ».
Bien évidemment, quand on connaît comment cette enquête est menée, on comprend (tant que faire se peut) pourquoi il en est ainsi :
Résultat : une ribambelle d’offres prévisionnelles, virtuelles : rendez vous dans un an, avec les mêmes entreprises, les mêmes artisans et les mêmes résultats égrenés tantôt par la Direction du Pôle Emploi Guadeloupe, tantôt par la Direction du Travail.
Maintenant, mettons nous un instant à la place d’un coffreur bancheur, d’un ouvrier maçon, ou d’un simple manœuvre, qui écoute ces informations :
Derechef, il se rend à son Agence Pôle Emploi, où il s’entendra dire qu’il n’y a guère d’offres de propositions le concernant. Comment réagira t-il ?
Résultat : Et c’est ainsi que les agents du Pôle Emploi se font régulièrement (et depuis la fusion systématiquement) agresser verbalement, souvent, physiquement, de plus en plus, (Morne à l’Eau, Capesterre Belle Eau, Abymes, Pointe à Pitre…). Et c’est ainsi que les agents du Pôle Emploi, sont régulièrement insultés ou injuriés.
Merci qui ?! Merci Mme ROMUALD, qui à l’instar de la majorité des intervenants à ce « Séminaire » n’ont pas rencontré un chômeur depuis des lustres…
Questions :
Comment expliquer alors qu’année après année des milliers de jeunes se pressent vers les locaux de Pôle Emploi, vers les mairies, vers les associations dites d’insertion pour solliciter un de ces métiers dont l’image serait encore bien plus négative : Jardinier d’espaces verts ; agents de nettoyage…
Comment expliquer que ces milliers de jeunes que nous croisons tous sur les bords des routes (tondeuses à la main ki anba lapli ki anba soley) en arrivent parfois à menacer des agents de Pôle Emploi, rendus responsables de la non-reconduction leur maigre gagne-pain ?
Comment expliquer l’existence de pareilles niches d’emploi et une telle floraison d’offres – notamment - dans le BTP quand les Gadarkhan, les Michaux et les dirigeants des parcs de logements sociaux nous assurent qu’il y a une crise du BTP et de la Construction… Crise attestée par les derniers chiffres de l’INSEE sur la conjoncture ?
Comment expliquer que seules les entreprises d’intérim arrivent à fournir ce secteur (contrat de chantier, CDD, externalisation intérimaire qui empêche toute velléité revendicative…) ?
Comment expliquer un tel « Séminaire » alors que Ms Martial Urbain ARCONTE (Directeur du travail) et Patrick DUMIRIER (Directeur de Pôle Emploi) avaient épuisé la question dans le cadre de l’Atelier Emploi Formation lors des Etats Généraux…
In fine, pourquoi organiser un tel « Séminaire » si la question des 60% de taux de chômage des jeunes Guadeloupéens se résume à une question de motivation et d’image des Métiers…
L’UGTG Pôle Emploi le réaffirme :
Le chômage qui ravage la jeunesse et les adultes en Guadeloupe n’est le fruit ni de la fatalité, ni même le fait de la « crise » : il est le résultat d’un choix politique !
Celui de l’exclusion des Guadeloupéens de leur propre marché du travail ; de leur cantonnement dans le sous-emploi ; avec la complicité des services publics de l’Etat et des politiciens locaux !
La multiplication des « Colloques », « Séminaires », « Ateliers », « Forums », « Assises », « Etats-Généraux », « Journées »… témoigne au mieux de la naïveté ou du désarroi des « acteurs » ; souvent de leurs arrières pensées et visées électoralistes ; toujours de leur complicité ou de leur aveuglement.
UGTG POLE EMPLOI
Lundi 18 octobre 2010
A propos du Séminaire métiers en tension