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Site : http://ugtg.org
Page : spip.php?article1878
URL complète : http://ugtg.org/spip.php?article1878
La gestion des catastrophes naturelles, singulièrement des tempêtes, ondes tropicales et cyclones par les autorités préfectorales, nous amènent à nous poser un certain nombre de questions notamment lors du passage de la tempête Raphaëlle.
Depuis plusieurs années, il apparait à tous les Guadeloupéens ayant un minimum d’expérience des phénomènes cycloniques, que les décisions préfectorales prises sont souvent en décalage avec la réalité des faits.
Et pourtant ces décisions sont prises à partir des observations scientifiques des services météorologiques.
Les données météorologiques sont, semble- t- il, fiables d’autant plus que les services météo de Miami qui couvrent la zone des Caraïbes utilisent ces informations météo pour les vols spatiaux des USA qui partent de Cap Canaveral et la sécurité des personnes et des biens aux USA et dans l’ensemble de la zone.
Les scientifiques peuvent donc savoir la vitesse des vents, leur direction, le degré d’humidité des nuages, l’intensité des pluies, la pression atmosphérique... et avec tout cela ils font des prévisions de temps probable, etc...
Dès lors, comment les directives arrêtées par le préfet sont elles en décalage avec le temps réel ?
Bien sûr, le temps est une donnée imprévisible mais cette imprévisibilité du temps n’est pas suffisante pour expliquer le grand écart entre ce qui est prévu et ce qui se passe réellement.
L’Etat français a les moyens scientifiques et techniques pour mieux appréhender ce genre de phénomènes.
L’une des premières raisons de ce qui semble être une méconnaissance, une fatalité ou un brusque changement du phénomène, c’est tout simplement la "rigueur budgétaire" qui se traduit par un manque de personnels et de matériels fiables dans les services météo et à terme la disparition du centre météo de Guadeloupe.
A cela, il faut rajouter l’inexpérience des fonctionnaires fwansé, le plus souvent des jeunots, à qui sont confiés des milliers de vie afin qu’ils se fassent la main, en vue de responsabilités futures en France. Ils ne connaissent pas la Guadeloupe, ne savent pas lire son ciel, ni écouter sa nature et ses habitants, ni sentir ses vibrations.
Nous ne serions alors, comme souvent, qu’un champ d’expérimentation de l’Etat colonial. Cela est aussi vrai sur le plan institutionnel, administratif, politique ou économique.
Enfin, la raison fondamentale de l’inadéquation entre décision préfectorale et réel - météo, n’est ce pas la rupture consommée, an bannzil Gwadloup , entre la science du temps (météo) et notre culture (accumulée dans l’expérience depuis les Amérindiens et transmis de générations en générations à tous ceux qui les ont succédé).
Dans cette histoire, nous sommes comme des objets devant lesquels les autorités manipulent des couleurs - consignes (jaune, orange, rouge). A l’évidence, il s’agit d’un jeu savant destiné à ne plus être nous-mêmes afin de mieux « diriger ».
Résultat : nous ne savons plus "lire le ciel", notre interprétation du défilement des nuages est fortement altérée, notre "sens du vent" est anéanti. L’équilibre naturel qui doit être recherché entre l’homme et son milieu nous est dorénavant inconnu.
Le déphasage entre l’habitant d’une île (Grande - Terre, Basse - Terre, Marie - Galante, Terre de Haut, Terre de Bas, Désirade...) et le téléspectateur ou l’auditeur qui attend les consignes des autorités est de plus en plus prononcé. NOU PA MOUN – NOU PA MOUN ISI !
Tel est le sens que nous nous devons de donner à notre réflexion. Ne pas simplement subir mais nous préparer véritablement à faire face aux catastrophes naturelles. Notre sécurité ne dépend-elle pas de l’état de notre souveraineté ?
NOU SE MOUN ! MOUN KON TOUT MOUN !
Pour le Collectif LIYANNAJ KONT PWOFITASYON
Elie DOMOTA
Lapwent , 14 Oktòb 2012