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Dans le cadre de sa tournée des DOM, lointaines contrées françaises infestées par nombres d’épidémies, nous aurons l’avantage de bénéficier pendant 5 heures du passage du Ministre de la Santé, Mr Xavier BERTRAND.
Celui-ci, vient vérifier notre capacité à absorber une épidémie à la dimension de celle qui frappe depuis plusieurs semaines le DOM – Réunion et plus d’un tiers de sa population.
Le Chikungunya y fait des ravages ; malheureusement, la mère-patrie doit, dans le même temps, faire face également à une crise majeure en santé publique, la grippe aviaire… quand la maison des maîtres prend feu, on ne peut perdre du temps dans les écuries.
Pourtant, les problèmes de santé publique majeurs nous y sommes confrontés depuis longtemps :
décès par psychoses alcoolique : 25 pour 100.000 en Guadeloupe…7 en France ;
décès par diabète chez les jeunes : 48 pour 100.000 en Guadeloupe…17 en France ;
mortalité infantile : 8,1°/oo en Guadeloupe contre 4,7°/oo en France ;
SIDA ; 252 cas pour 100.000 habitants contre 95 en France.
recrudescence de la mortalité dûe à la dengue, à la leptospirose, réapparition de la Tuberculose, forte prévalence de la drépanocytose et de l’hypertension artérielle.
Ces résultats et performances témoignent de la faillite des politiques de santé, de l’absence de vrais engagements tant en matière d’éducation et de prévention, qu’en matière d’étude et d’enquête épidémiologique.
Pourtant, nous rétorque-t-on, nous disposons d’un système de santé efficace au vu des établissements de santé publique et privée qui veillent sur nous.
Et c’est bien là le drame !
C’est cette conception même des besoins de santé que nous dénonçons.
Tout est fait comme si prendre en charge la santé consiste à disposer de lits d’hospitalisation en quantité suffisante ; peu importe qu’il n’y est ni médecins, ni infirmiers pour soigner, peu importe que nous n’ayons aucune information sur les maladies elles-mêmes et sur leur mode de propagation.
Autrement dit, la réponse politique aux questions de santé publique qui nous assaillent est inadaptée, voire inexistante.
Mr Xavier BERTRAND, a choisi donc dans cette logique de vérifier si le CHU était à même d’abord d’accueillir aux URGENCES et ensuite de traiter par l’hospitalisation les milliers de malades du chikungunya, dans quelques temps.
Malheureusement, tant il est incapable de résoudre les problèmes structurels et conjoncturels du CHU, principal établissement de santé, (budget insuffisant, exiguïté des locaux, fuite des médecins, mauvaise gestion, absence d’équipements de soins courants, services sur occupés, personnels démotivés), tant il persiste à ne pas engager une vraie offensive en terme de recherches, d’éducation et de prévention contre les maladies qui nous assaillent,
• Quand 40% des conceptions aboutissent à une IVG contre 20% en France ;
• Quand l’utilisation des nématicides et des insecticides de la famille des organochlorés comme le Mirex ou le Curlone a été interdite en France depuis 1969 et autorisée en Guadeloupe jusqu’en 2000 ;
• Quand la file active globale des malades des psychiatries a augmenté de plus de 20% en 4 ans ;
Il est évident que l’Etat Français a choisi de traiter la maladie plutôt que de la prévenir…ça coûte cher, mais ça rapporte gros.
Il n’est pas surprenant dans un tel contexte que des Agents du CHU de la Médecine B fassent 2 mois de grève pour obtenir des moyens et des médecins pour mieux soigner ;
Il n’est pas surprenant, que des malades attendent toute une journée aux Urgences avant d’être vus par un médecin ;
Il n’est pas surprenant que des rats jouent ‘’cho kaché’’ dans le faux-plafond du Bureau des Admissions ;
Il n’est pas surprenant que des ‘’promoteurs en santé’’ s’affrontent pour vendre des journées d’hospitalisation ou par exemple pour dépecer l’AUDRA de l’activité très lucrative de l’Insuffisance Rénale Chronique.
Il n’est pas surprenant qu’aucune vaccination ne soit pratiquée dans les dispensaires de Guadeloupe depuis le début de l’année 2006 ;
Il n’est pas surprenant que des milliers de personnes âgées dépendantes et invalides ne bénéficient d’aucune aide de tierce personne, faute d’insuffisance budgétaire du Conseil Général.
Xavier BERTRAND nous dira à la fin de sa visite éclair : ‘’nous disposons de tous les moyens pour faire face à l’épidémie…infectez-vous en paix, le chikungunya n’a qu’à bien se tenir. ’’ Requiem !
P-à-P, le 06/03/06
UTS - UGTG