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Cette igname brisée qu’est ma terre natale
Au détour de mes silences
j’ai trouvé une éternité.
Je suis la mangue qui prépare
à la saison des orgies.
Je viens mûri aux ardeurs du soleil.
J’ai craché mon latex à l’oreille du vent.
Curieux regards cherchez-vous à savoir
comment j’ai pu quitter si vite mon espoir ?
Lourde cette fleur blanche
de murmures d’abeilles
et subtil ce poison fermenté dans son sein.
La nuit a incrusté dans mon front de fœtus
deux étoiles couvant cette igname brisée
qu’est ma terre natale.
Je suis la sapotille
roulant dans le dédale
des sentiers où l’on craint trop souvent de marcher.
J’ai craché mon latex à l’oreille du vent
en suivant la tête crépue
de mon astre
plaquée sur la voûte céleste
comme un énorme sexe
dans la virginité monastique d’un mur.
Je suis une surette ocrée
par des atomes de lumières.
Et mon écharde garde encor mémoire d’une
contraction rose de chair blessée
et de la mélopée monotone d’un cœur
muée en frénésie.
Je suis une primeur au verger des poètes.
De la fumure des souffrances
jaillira le fleuve d’espoir
avec des cliquetis de chaînes qui se brisent.
Contradicteurs pleurez, ma vérité offense.
Regrets abandonnés au volcan de ma force
j’ai craché mon latex à l’oreille du vent.
Ma lave affermira les douleurs qui battent.
Au sein de l’Atlantique
mon igname brisée
ancrera ses racines.
Et qu’il me sera doux
ô
maître séculaire
d’entendre au fond des soirs multipliés d’insectes
pleurer ton rêve occidental
dans le coui de ma joie !
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