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Népotisme :« L’affaire Jean Sarkozy » vue par une Guadeloupéenne

 

Le scandale de la nomination de Jean SARKOZY a la tête de l’EPAD, car c’est un scandale, doit surtout nous interroger sur la problématique de l’intégration des jeunes guadeloupéens par le marché du travail et sur la question de la discrimination à l’embauche – qui en plus d’être raciale, vient se doubler d’une course au diplôme « smicardisée ». Mais pas seulement... car il est aussi question de reproduction : celle d’une certaine élite, celles des larbins.

AU NOM DU PERE, DU FILS, MAIS SURTOUT… AU NOM DE TOUS LES NOTRES.

Le scandale de la nomination de Jean SARKOZY a la tête de l’EPAD, car c’est un scandale, doit surtout nous interroger sur la problématique de l’intégration des jeunes guadeloupéens par le marché du travail et sur la question de la discrimination à l’embauche – qui en plus d’être raciale, vient se doubler d’une course au diplôme « smicardisée ». Mais pas seulement...

Qu’est ce que l’EPAD ? Un établissement Public chargé de l’aménagement du quartier d’affaires de la Défense qui abrite plus de 2500 entreprises et d’innombrables sièges sociaux d’entreprises, fleurons de la France.

Pour n’en citer que quelques unes : TOTAL, GAN, AREVA, NEUF CEGETEL, IBM EUROPE, ERNST & YOUNG France, etc. La Défense devrait encore s’étendre dans les années prochaines et couvrir près de la moitié de la ville de NANTERRE ! Bientôt, c’est un hôtel de la chaîne RADISSON qui devrait sortir de terre, ainsi qu’une dizaine de nouvelles tours, dont la tour GENERALI.

C’est donc plusieurs milliards d’Euro que le Président de l’EPAD aura à gérer. Jean SARKOZY y est candidat : cancre bachelier, redoublant de ses 2 premières années de droit, marié à « Princesse DARTY » (c’est là un des nœuds du problème : comment exister en tant que mari de l’héritière de l’empire DARTY, fils de « Mon papa, il est le … ») et beau-fils d’un ex-mannequin, chanteuse, ultra-médiatisée ?…

Et nous en Guadeloupe ? Car après tout, venant de SARKOLAND, plus rien ne devrait nous surprendre. Mais que nous dit ce déchainement médiatique à nous Guadeloupéens ? Pourquoi ce silence étrange de notre classe politique et de nos serviles philosophes, d’habitude si prompts à participer aux grands débats nationaux agitant la métropole ?

Nous commencerons par répondre à la deuxième question en citant quelques noms : CHEVRY-PENCHARD, BANGOU, BERNIER, JALTON, les dynasties politiques, nous connaissons. Mais, nous au moins, avons la décence en Guadeloupe d’appliquer le vieil adage « Passe ton Bac d’abord », puis « Un métier, un homme, sinon rien ».

C’est ainsi que nous avons des médecins, des avocats, ou autres hauts fonctionnaires de père en fils, de mère en fille…qui trustent depuis des décennies mairies, Conseil Général et Conseil Régional - et maintenant secrétariat d’Etat… en s’entourant d’amis ou de fidèles quadrupèdes ; et prêts à vendre, père, mère, administrés pour conserver des petits privilèges garant d’un statut social abouti.

Apparait aujourd’hui une nouvelle génération, celle des « intellectuels » de père en fils qui eux, à défaut de pouvoir – pour l’instant – envahir les collectivités locales, investissent les doubles pages des journaux locaux ou des blogs, ne sachant encore véritablement à quelle branche se raccrocher : tantôt nationaliste sur le retour, tantôt syndicaliste, tantôt consultant en politique intérieure, tantôt spécialiste de la Caraïbe et d’Haïti, tantôt spécialiste des maux de l’Education Nationale...

Ils tentent tous désespérément d’obtenir une reconnaissance de la métropole ou des derniers maîtres des colonies ; de se faire un nom, dans cette forêt pullulant de petits prétendants à un titre... Mais quels titres ?!

Ceux de "Meilleur vendeur du péyi Gwadloup" ou de "Plus grand dénonciateur de nègres" : prix décernés par le conglomérat Etat-Grands propriétaires békés et remis en jeu chaque semaine. D’où la frénésie à laquelle on assiste à « casser du LKP », à « casser du DOMOTA », du « NOMERTIN » ; déchainement de haine qui autorise un psychologue névrotique à assimiler les guadeloupéens à une "meute". Peu des colonisés francophones le savent : du début du 19e siècle à mai 1848, les pourfendeurs les plus acharnés à dénoncer "la barbarie et la sauvagerie des nègres marrons" furent les premiers nègres lettrés (affranchis, mulâtres, gens des villes)...

En effet, pourquoi changer une équipe qui gagne ? Pourquoi changer un modèle qui marche. Car après tout, depuis 500 ans le modèle n’a guère changé : les propriétaires d’habitations transmettent biens meubles, immeubles…nègres… à leurs descendants afin que ceux-ci puissent continuer à faire prospérer non seulement leurs biens, mais aussi leurs noms…

Et pour faire prospérer les affaires, il faut perpétuer la notion d’asservissement, car sans cela, point d’autorité politique, économique ou sociale. Cela, SARKOZY et ses maîtres du CAC 40 l’ont bien compris...

En cela, il n’y a donc pas de différence entre lui, les HAYOT, les LIGNIERES, BARBOTTEAU et autres grandes familles négrières, héritières de l’esclavage qui trouveront toujours un Willy ANGELE et une Maryse MAYÉKO pour appliquer leur politique de négation du guadeloupéen.

En cela, il n’y a donc pas de différence avec des "grandes" familles politiques guadeloupéennes qui asservissent la population, à coups de contrats aidés, de promesses d’embauche, de poteaux électriques, travaux de rénovation des maisons, matelas, et autres portables gratuits en période électorale.

En cela, il n’y a pas de différence avec des "grandes" familles d’intellectuels, qui bien que se revendiquant du nationalisme le plus pur, le plus abouti, placent ça et là leurs rejetons en se servant de leurs noms pour asseoir un pouvoir que l’on peut désormais taxer de capitaliste. Car, la presse, les média et toutes ces sociétés tirant leurs bénéfices de ces média sont depuis des décennies, désignées comme étant le quatrième pouvoir…En s’en servant, ils participent donc de l’extension du capitalisme sous toutes ses formes.

Et c’est pour cela que les problèmes liés au chômage des jeunes persistent en Guadeloupe. Et c’est pour cela que la discrimination l’embauche, tant dénoncée par le LKP, reste encore un sujet tabou.

Car sinon, comment expliquer que, lors même que Jean SARKOZY, cancre bachelier, s’apprête à diriger un Etablissement Public d’une telle importance - créé par De Gaulle - ce même Bac ne donne accès qu’à un poste de caissière à temps partiel à CARREFOUR ? Comment expliquer que nos jeunes, détenteurs de Bac+5 en géomatique, chimie ou géothermie soient écartés des postes du BRGM, de la DDE, de la DRIRE, de la DIREN ou autres Etablissements publics ? Comment expliquer que le même agent de sécurité guadeloupéen qui travaillerait en France sans le BEP ne peut le faire dans son propre pays ; sauf à accepter de ne pas être déclaré ou de travailler pour des sociétés entretenant des milices privées ? Et que tout cela se passe en Guadeloupe, dans un silence plus que complice, un silence ravageur, un silence meurtrier ?

Parce qu’en définitive, c’est bien la continuation de l’exploitation de la misère sociale qui permet d’asseoir le pouvoir qu’il soit politique, économique ou social.

Tandis que SARKOZY gère la misère politique de la France, nos décideurs guadeloupéens, nos nababs de l’économie guadeloupéenne gèrent la misère de ce pays afin de toujours puiser dans le « fonds de garantie » leur permettant d’étendre sans cesse un pouvoir déjà tentaculaire ; afin de toujours pouvoir mettre en concurrence au plus bas prix possible des hommes et des femmes en proie à la misère, aux souffrances nées de cette société de consommation toujours plus vorace, toujours plus dévoreuse.

Voilà pourquoi un simple et véritable plan d’urgence pour la formation et l’emploi des jeunes peine tant à voir le jour.

Voilà pourquoi sept mois après l’appel lancé par le LKP, ni politiques, ni décideurs, ni hauts fonctionnaires, ni commis, ni syndicats patronaux n’arrivent à se mettre d’accord, ni même à se rencontrer ne serait-ce que pour évoquer le problème de l’emploi ou plutôt du non-emploi des jeunes guadeloupéens dans leurs pays. Mais tous arrivent à se rencontrer et à s’accorder pour sauver le système de pwofitasyon.

Voilà pourquoi le LKP continue d’être la cible de toutes les attaques.

Voilà pourquoi le LKP fait peur : il pourrait bien leur ôter, assécher la manne financière, la manne sociale, la manne politique, la manne intellectuelle fruit, depuis 500 ans de la plus vile des ignominies dissimulée aujourd’hui sous des formes modernes : l’esclavage.

Voilà pourquoi, au nom de tous les nôtres, nous devons continuer sans relâche - chacun à notre manière, en parlant à chacun et à tous - à dénoncer tous les mensonges, toutes les collusions, toutes les pwofitasyon dont ils se rendent quotidiennement coupables.

Pour que « La Gwadloup sé tan nou » devienne ta pitit an nou é pa ta pitit a yo.

Jozèf,
Lundi 19 octobre 2009

Publié par Jozèf le lundi 19 octobre 2009
Mis à jour le mardi 20 octobre 2009

Forum article


  • >Népotisme :« L’affaire Jean Sarkozy » vue par une Guadeloupéenne
    20 octobre 2009, par Christine Churie-le Goal

    Merci Josèf pour cet excellent article !
    Je crois que ce que tu décris concernant la Gwadloup , ormi le fait que ce soit encore plus criant aux Antilles et que les raisons historiques soient différentes ( encore que ...) , pourrait être repris pour notre propre situation locale !
    Depuis trop longtemps , c’est la politique des p’tits copains qui prime .
    Depuis trop longtemps , les inextricables scandales politico-financiers perdurent et sont meurtriers au sens propres du terme : juges en danger ou assassinés en témoignent hélas !
    Cette fois , c’est monstrueusement provocateur et correspond bien à ce que disait le père de Sarko il n’y a pas si longtemps : " On peut envisager une dynastie " des Sarkosy ! La monarchie est en marche . Certains PDG et consorts ne seraient pas contre , sans le dire évidemment .............. Seul le peuple uni pourra reprendre ses droits ou les acquérir enfin !
    Cordialement
    Kristin C l G


    • >Népotisme :« L’affaire Jean Sarkozy » vue par une Guadeloupéenne
      23 octobre 2009, par amethys

      bonjour josèf et mési pou mésaj aw, an bwen konpwan li.