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Le 12 Janvier 2010 un terrible séisme frappait Haïti Depuis, face à l’incurie du gouvernement et à la confusion créée par l’intervention des ONG, une partie de la population a commencé à se prendre en mains à travers notamment la constitution de comités de quartier ; mais aussi par des manifestations. Le 9 février dernier, des milliers de sinistrés scandaient « Des tentes, pas de canons ». Le 1er mai 2010, ce sont encore des milliers de travailleurs qui défilaient dans les rues à l’appel des organisations syndicales et populaires….
Aujourd’hui, soit quatre mois après cette catastrophe, les travailleurs et le peuple sont toujours dans le plus grand dénuement alors que le gouvernement sous l’injonction de l’impérialisme international livre le pays encore plus à l’appétit féroce des institutions internationales, à travers notamment le fameux plan de reconstruction et leur Conférence des donateurs. Pour mener à bien ce plan de destruction de la nation Haïtienne, le gouvernement va jusqu’à faire voter deux lois pour se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat et instaurer l’état d’urgence et remettant donc en cause les libertés démocratiques.
Face à cette situation, depuis deux semaines, des manifestations réunissant plusieurs milliers de participants sont organisées en Haïti par une coalition de partis, d’organisations sociales et politiques qui exigent la démission du président Préval dont le mandat arrive en principe à terme le 7 février 2011.
Aujourd’hui plus que jamais, défendre Haïti et c’est nous défendre nous-mêmes, c’est renforcer le combat pour cette Union libre des nations souveraines de la Caraïbe, c’est le sens de la journée internationale de solidarité avec Haïti pour le retrait des troupes d’occupation du 1er juin 2010. C’est aussi le sens de la Conférence Mondiale Ouverte contre la Guerre et l’Exploitation prévue en à Alger en novembre 2010.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la Rencontre caribéenne du 28 mai en Guadeloupe avec la participation de délégations d’Haïti, de Martinique, de Sainte-Lucie, de Guadeloupe, ….
Ci-après, la Motion de solidarité adoptée par les organisations participantes à la Rencontre caribéenne.
MOTION DE SOLIDARITE AVEC HAITI OCCUPEE OPPRIMEE REPRIMEE
Une vague de manifestations
Depuis le 1er mai, Haïti est secouée par une vague de manifestations rassemblant plusieurs milliers de participants à Port au Prince et dans plusieurs villes de province.
Les raisons de la colère
1) Le vote d’une loi sur l’état d’urgence, loi anticonstitutionnelle à double titre :
Elle transfère la réalité du pouvoir à une « Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti » (CIRH) comportant des étrangers, ce qu’interdit la constitution.
Elle consacre la suppression de libertés fondamentales dont la liberté de réunion, la liberté de manifestation, la liberté d’association et favorise encore plus la pénétration en Haïti des multinationales étrangères.
2) Le vote d’une loi prolongeant jusqu’au 14 mai 2011 le mandat du Président Préval devant constitutionnellement expirer le 7 février 2011, au cas où les élections à la Présidence, au Parlement etc. n’auraient pas lieu à la fin de cette année.
Si ces manifestations sont fortement suivies, même si certains essayent de les utiliser à des fins d’ambition personnelle, c’est parce que le peuple reproche au Président en place et à son équipe gouvernementale d’avoir vendu le pays aux puissances étrangères et de n’apporter aucune réponse à ses problèmes dramatiquement urgents :
Plus de 3 mois après le séisme du 12 janvier, rien n’est fait pour accueillir les sinistrés dans des abris provisoires acceptables alors que se profile un cortège de plus de 10 cyclones.
Les prix des produits de première nécessité connaissent une flambée vertigineuse.
La privatisation des entreprises publiques s’accélère comme celle de Téléco (Télécommunications d’Haïti).
Beaucoup d’écoles ne sont même pas encore déblayées !
Les milliards récoltés dans les campagnes de solidarité internationale après le séisme profitent beaucoup plus à la foule d’ONG présentes en Haïti qu’aux sinistrés eux-mêmes.
Les dépenses affichées par la « Communauté internationale » bénéficient bien plus à ses ressortissants et à ses entreprises qu’à la population sinistrée.
LA REPRESSION COMME SEULE REPONSE
Ces manifestations sont sujettes à de multiples provocations (infiltration en leur sein de bandits et de voleurs pour les discréditer et les faire dégénérer) et à la répression (mort d’un jeune manifestant le 17 mai).
Le lundi 24 mai, aux environs de 15h (heure d’Haïti) les soldats Brésiliens de la MINUSTAH ont fait, en toute illégalité, irruption dans l’espace inviolable de la faculté d’ethnologie de l’UEH (Université d’Etat d’Haïti). Ils ont arrêté, humilié, piétiné, battu l’étudiant en 3ème année d’anthroposociologie Frantz Mathieu Junior, membre du GREPS (Groupe de Réflexion sur les Problèmes Sociaux).
La MINUSTAH a commis ainsi un acte anticonstitutionnel et criminel qui constitue un affront grave, non seulement à l’encontre de l’étudiant victime et de la communauté universitaire, mais à l’encontre de tout le peuple haïtien. Cet acte justifie une fois de plus la nécessité impérieuse de son départ et de celui de toutes les forces d’occupation.
Il justifie pleinement la tenue de la journée internationale du 1er juin 2010 en solidarité avec Haïti, pour la reconquête de sa souveraineté nationale.
Pointe à Pitre, le 28 mai 2010.
Les organisations et personnalités soussignées :
Haïti : CATH - CTSP - MODEP
Guadeloupe : CGTG - MOUVMAN NONM - TRAVAYE é PEYIZAN - UGTG
Guyane : UTG
Martinique : AOP - UGTM
Sainte Lucie : NWU
Lire aussi :
Haïti : Appel au mouvement ouvrier et démocratique international
Non à l’occupation militaire d’Haïti et à l’atteinte à sa souveraineté !
Publié parATPC , le samedi 15 mai 2010
NB : En pièces jointes, La Motion de solidarité, ainsi que la Résolution adoptée par les participants.
Motion de solidarité
Résolution des organisations