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Frédéric Lordon : « Ne pas détruire les banques : les saisir ! »

 

Comment, en résumé, en est-on arrivé là ? Éléments de réponse extraits d’un article de l’économiste français Frédéric LORDON.

Le texte complet de l’article peut être consulté ICI.

[...]

A la question de savoir comment tout ceci peut se finir, la réponse est donc : mal.

Et ceci d’autant plus que les corps sociaux commencent à sérieusement renauder. Sans doute l’enchaînement des faits est-il compliqué à suivre dans son détail technique mais le tableau d’ensemble lui est des plus clairs, et tout le monde en voit maintenant parfaitement les couleurs dégueulasses :

1) la finance privée est l’auteur de la plus gigantesque crise de l’histoire du capitalisme ;

2) les banques ne doivent d’avoir forcé les pouvoirs publics à les secourir qu’au fait d’occuper cette place névralgique dans la structure d’ensemble du capitalisme qui leur permet d’enchaîner le corps social tout entier à leurs intérêts particuliers ;

3) cette situation qui a tout de la parfaite prise d’otage aurait dû conduire sitôt le sauvetage de 2008, non seulement à fermer largement le jeu de la finance de marché [1], mais à recommunaliser le système bancaire en tant précisément qu’il est de fait le dépositaire de biens communs vitaux [2], à savoir : la sûreté des encaisses monétaires du public et les conditions générales du crédit à l’économie réelle ;

4) infestés par les représentants des puissances d’argent, les Etats n’en ont rien fait et donné le secours pour rien, ou plutôt pour un double bras d’honneur, qui a d’abord pris la forme du maintien des rémunérations exorbitantes et surtout, plus grave, celle de l’application de la férule des marchés aux finances publiques, saignées soit d’avoir sauvé directement les banques, soit de faire face aux coûts de la récession ;

5) les splendides mécanismes des marchés de capitaux concourent avec une rare élégance à l’organisation du pire en rendant insoluble la crise des dettes qu’ils ont eux-mêmes fait naître ;

6) et ceci jusqu’à ce que cette crise-là devienne irrémédiablement la leur à nouveau, menaçant d’un deuxième effondrement du calibre de 2008 ;

7) pendant quoi l’Europe invente à la hâte de nouvelles institutions supposées venir en aide « aux Etats » là où tous voient bien qu’il s’agit de sauver les banques pour la deuxième fois. Or, pour ainsi dire, c’est la deuxième fois de trop – car on se demande encore comment la première a été avalée si facilement par les corps sociaux décidément d’un calme olympien. Jusqu’ici.

[...]

Source :
http://blog.mondediplo.net/2010-12-02-Ne-pas-detruire-les-banques-les-saisir

Publié par la Rédaction le mercredi 8 décembre 2010

Notes

[2Cette recommunalisation prenant la forme d’urgence de la nationalisation puis, à terme, de la mutation en un système socialisé du crédit, voir « Pour un système socialisé du crédit », 5 janvier 2009.

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