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Arrestation manquée de la militante basque Aurore Martin

 

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La police judiciaire, venue l’interpeller hier après-midi, n’a pas pu arrêter la militante basque Aurore Martin, « sauvée » par ses amis lancés à son secours.

Bayonne :

1. Arrestation avortée de la militante, Aurore Martin, ce mardi 22 juin à Bayonne.
2. Chronologie des évènements lors de la tentative d’arrestation de la militante
3. Un barrage humain évite l’arrestation

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1 Arrestation avortée de la militante, Aurore Martin, ce mardi 22 juin à Bayonne.

La police judiciaire, venue l’interpeller hier après-midi, n’a pas pu arrêter la militante basque Aurore Martin, « sauvée » par ses amis lancés à son secours.

Aurore Martin, 32 ans, a échappé, grâce à la mobilisation de ses amis, à l’arrestation que les services de la police judiciaire de Bayonne avaient engagée hier après-midi.

Il n’est pas encore tout à fait 15 heures lorsque six hommes encagoulés font irruption au troisième étage d’un immeuble typiquement bayonnais (rue des Basques, rive gauche de la Nive) en centre-ville de Bayonne.

La jeune militante, sous le coup d’un mandat d’arrêt européen (MAE) avalisé fin décembre 2010 par la justice française, se trouve là, dans l’appartement de sa sœur, occupée à donner une interview. Une autre personne du collectif contre le MAE est présente, qui regarde au judas lorsque l’on sonne à la porte. Le judas lui semblant obstrué par une main, elle soupçonne immédiatement la présence de la police et donne l’alerte par téléphone…

« Une vraie mêlée »

En quelques minutes, une quarantaine de militants et sympathisants (parmi lesquels quelques Indignés dont le campement toujours sur pied se trouve à deux pas) accourent et font irruption dans la cage d’escalier. Ils barrent aussitôt le passage des policiers qui viennent de détenir Aurore Martin après avoir forcé sa porte. Suivent de longues minutes d’échauffourée.

« Une vraie mêlée sur les marches, les uns étaient couchés, les autres se bousculaient avec le risque de voir quelqu’un chuter, se blesser, voire pire, racontera l’un des intervenants. J’ai crié qu’on courait de très graves dangers du fait de la configuration des lieux à l’attention de l’officier qui semblait diriger l’opération… » Au final, la police a préféré laisser sa prisonnière en liberté. Une liberté très provisoire, puisque dans le courant de l’après-midi, Claude Guéant, ministre de l’intérieur, a dit ses intentions sans le moindre détour. « Ce mandat d’arrêt sera mis en œuvre… », a-t-il lancé depuis la région parisienne, jetant un froid sur les dizaines de sympathisants qui faisaient rempart autour de la jeune femme.

La quarantaine de personnes allées à son secours, rue des Basques, l’ont escortée jusqu’au Café des Pyrénées, lieu emblématique du Petit Bayonne. Une conférence de presse a été improvisée dans la rue, après concertation avec les dirigeants du parti indépendantiste Batasuna (interdit en Espagne mais autorisé en France) dont Aurore Martin est membre dirigeante.

Après le meeting de Biarritz

« Je m’y attendais, on verra bien ce que la police fera dans les prochains jours, a-t-elle lancé. Ils m’ont prise par les mains et les pieds. L’empoignade a été assez violente. Je ne me laisserai pas faire, mais le moment viendra… »

Cette tentative avortée est survenue seulement deux jours après le meeting organisé dimanche à Biarritz par le collectif contre le MAE, avec le soutien très appuyé du sénateur maire Modem de Biarritz, Didier Borotra.

Poursuivie pour des activités politiques (dont six réunions publiques en Espagne et en France), Aurore Martin est passible de 12 ans de prison du fait des accusations portées contre elle par l’Audiencia Nacional de Madrid, qui l’a mise en examen pour « participation à une organisation terroriste », ETA en l’occurrence.

Ayant passé les six derniers mois cachée dans des familles, elle est ressortie au grand jour ce week- end. Le répit que lui a accordé le gouvernement français a donc été bref.

Hier soir, ses proches estimaient que la Fête de la musique allait constituer la meilleure des protections. Du moins jusqu’à ce matin, 6 heures… Un barrage humain évite l’arrestation.

22 juin 2011. Par ANNE-MARIE BORDES

2 Chronologie des évènements lors de la tentative d’arrestation de la militante

Le récit de la tentative d’arrestation d’Aurore Martin :

9h20. Aurore Martin se trouve toujours dans le café des Pyrénées. Le Petit Bayonne est fermé à la circulation en raison de la Fête de la musique. Une nouvelle intervention de la police semble tout à fait exclue.

17h. Le mandat d’arrêt européen visantAurore Martin "sera mis en œuvre", prévientle ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, depuis Montpellier.

16 h 42 : Aurore Martin s’exprime sur la radio basque.

16 h 35 : l’opération policière est "arrêtée" au motif d’un "trouble à l’ordre public". Cette décision de la police s’explique par une volonté de ne pas se retrouver dans une situation de confrontation physique avec les militants, présents en nombre sur la place.

Vers 16 heures. La Police cerne le bar et la place pour procéder à l’interpellation.

15h30. Aurore Martin, qui souffre d’ecchymoses, se réfugie avec les militants qui l’accompagnent dans le bar "Les Pyrénées", situé Place Saint André.

15h20. Lorsque les policiers évacuent Aurore Martin en la portant dans l’étroit et très incliné escalier de l’immeuble, les militants basque venus en renfort se présentent. Après une bousculade et sous la pression des dizaines de personnes présentes, les policiers relâchent Aurore Martin, manifestement pour ne pas envenimer la situation.

15h15. Entrés dans l’appartement, les policiers procèdent à l’arrestation d’Aurore Martin. Ils lui laissent le temps d’enfiler ses chaussures. Pendant ce temps-là, les militants basques présents aux côtés d’Aurore Martin dans l’appartement alertent d’autres militants du vieux Bayonne.

15h10. Un groupe de policiers cagoulés se présente à la porte de l’appartement. Après en avoir obstrué le judas, ils demandent à ce que la porte leur soit ouverte.

15 heures, ce mardi, à Bayonne. Aurore Martin répond à l’interview de journalistes dans un appartement situé au troisième étage d’un immeuble du vieux Bayonne en présence de plusieurs militants basques.

21 juin 2011. Par A-M.B, avec SudOuest.fr{}

3 Un barrage humain évite l’arrestation{{}}

Des policiers cagoulés, obligés de battre en retraite. La scène, saisissante, se déroule hier, vers 15 heures, rue des Basques à Bayonne. Quelques minutes plus tôt, six ou sept de ces hommes, de la SDAT (Sous-direction antiterroriste), ont tenté d’arrêter Aurore Martin, sous le coup d’un mandat d’arrêt européen, pour la livrer à la justice espagnole.

Dans l’appartement où la jeune femme a élu domicile, une trentaine de personnes s’y sont opposé, faisant “barrage humain” de leur corps. Sans violence, mais avec fermeté. Contraignant donc au final les forces de l’ordre à rebrousser chemin. Dans leur “fuite”, ces derniers, manifestement vexés d’avoir raté leur action, vociféreront quelques subtilités aux militants présents : “Viens là toi, t’as pas de couilles !”.

Une fois le commando parti, un cortège se forme, encadrant Aurore Martin. Il avance vers la place Saint-André, prenant de l’épaisseur au fil des minutes. Puis se stabilise devant le café des Pyrénées, vers 15h15. Un policier en civil guette, rue Pannecau, des fourgons de CRS passent et repassent. Mais plus personne ne s’arrêtera. Aurore Martin, qui a un peu repris ses esprits, mais demeure en état de choc, livre quelques mots à la presse : “J’avais dit que je résisterai. Ils sont rentrés cagoulés, sans se présenter. Comme je n’ai pas voulu venir, il m’ont pris les bras et les jambes pour m’emmener. Ça a été très violent”.

15h30 : Martine Bisauta, adjointe au maire de Bayonne, arrive sur place. Elle sera plus tard rejointe par Marie-Christine Aragon, conseillère générale socialiste, Daniel Romestant, responsable du Parti communiste sur le Bab, puis vers 18 heures, par Jean-René Etchegaray, premier adjoint (MoDem) de Jean Grenet.

Vers 16h30, estimant que la police ne prendra plus le risque d’intervenir - on est à quelques heures du lancement de la Fête de la musique -, Xabi Larralde (Batasuna), Anaiz Funosas (Collectif contre le MAE), et les trois premiers élus cités, décident de tenir une conférence de presse en plein air, autour d’Aurore Martin. Leur prise parole achevée (lire ci-contre), la militante s’exprime pour la deuxième fois : “Je m’attendais à l’arrestation, mais peut-être pas dans des conditions aussi violentes. Et je n’ai eu que deux jours depuis ma réapparition publique… Maintenant, je vais continuer ma vie de tous les jours. On verra bien ce que fera la police. Je sais que je vais être emmenée devant l’Audience nationale. Mais une chose est sûre, je ne faciliterai pas l’arrestation”.

Au même moment, on apprend par une dépêche AFP que, selon une source policière, l’opération a été “arrêtée” au motif d’un “trouble à l’ordre public”. Le communiqué relate aussi les propos de Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, en marge d’une visite à Maisons-Alfort (Val-de-Marne) : “Cette dame est sous le coup d’un mandat d’arrêt européen. Il est du devoir de la police française de mettre en œuvre ce mandat d’arrêt. Et il sera mis en œuvre”.

Après s’être cachée durant six mois, puis avoir réapparu publiquement samedi soir lors du rassemblement à la Halle d’Iraty de Biarritz, Aurore Martin aura eu moins de trois jours de répit.

22/06/2011, Pierre MAILHARIN

Publié par la Rédaction le mercredi 22 juin 2011

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