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Mayotte : Blessé à l’oeil, Nassuir 9 ans, accuse le gendarme

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Le garçon de neuf ans, Nassuir Oili, blessé par un tir de flashball en marge des manifestations contre la vie chère à Mayotte, accuse le gendarme d’avoir "pris son arme et tiré" sur lui. Le petit garçon de 9 ans a perdu son œil suite à ce tir de flashball du gendarme, depuis placé en garde à vue et sous le coup d’une enquête. Dimanche, "des inspecteurs de la gendarmerie nationale" feront le déplacement pour l’entendre sur son lit d’hôpital.

Mayotte : Blessé à l’oeil, Nassuir 9 ans, accuse le gendarme | Clicanoo.re | Publié le 15 octobre 2011

L’enfant touché à l’œil par le flash-ball d’un gendarme pendant les manifestations à Mayotte est hospitalisé à Saint-Pierre à la Réunion depuis près d’une semaine. Hier soir, Nassuir Oili, neuf ans, a enfin retrouvé ses parents. Pour la première fois, il raconte ce qui s’est passé.

Il était tout petit dans son lit au centre hospitalier de Saint-Pierre hier soir, Nassuir. L’œil droit bandé, un peu groggy, mais le sourire. Ses parents sont enfin près de lui. Et il a fallu batailler pour ces retrouvailles dans une chambre d’hôpital, après présentation du passeport. C’est quand on lui demande de raconter pourquoi il est là que son visage se ferme. Et ce qu’il a à dire ne ravira certainement pas les inspecteurs de la gendarmerie nationale qui viendront dimanche depuis Paris l’interroger. Son œil en moins, c’est en effet à un militaire qu’il le doit, depuis le vendredi 7 octobre, au port de Longoni. Et les circonstances sont plus que douteuses. “Je jouais à la plage avec des amis, raconte tout doucement le petit garçon. Il y a deux camionnettes de gendarmes qui sont venues. Il y avait quatre gendarmes. Il y en a un qui m’a attrapé. J’ai couru. Un autre est retourné à la voiture, il a pris l’arme et tiré.” Quand on lui demande s’il l’a visé, il répond : “Oui”. S’il se rappelle du gendarme ? “Un Blanc, plutôt costaud.”

“UN GENDARME M’A ATTRAPÉ”

Sûr que ce n’est pas difficile de paraître costaud à un gamin de neuf ans. Sûr aussi que les forces de l’ordre ont vite réagi, en empêchant quiconque d’approcher Nassuir, à terre et l’œil crevé. Même son père. “Les gendarmes empêchaient les gens d’aller le voir, explique en mahorais le papa du petit garçon, Bacara Oili, par la bouche d’un membre du comité de soutien présent aussi à l’hôpital hier soir. Ils ne voulaient pas que je m’approche, ni que je le touche. Ils le laissaient à terre. Des gens filmaient avec leur téléphone portable. Heureusement qu’un pompier qui allait reprendre le service est venu. Comme il était en uniforme, les gendarmes l’ont laissé passer. Il l’a emmené à l’hôpital en taxi, et il l’a déposé devant.” “C’est une cascade d’irresponsabilités, commente l’avocat de la famille, Me Saïd Larifou, ébahi par la version de son jeune client. Il n’y a pas que le gendarme qui a tiré. Il y a aussi celui qui les a appelés. Le directeur du port ?”

La dernière fois que Bacara Oili a vu son fils en bonne santé, c’était le midi du jour de l’accident. “Depuis le début de la grève, j’emmène mes trois garçons à la campagne pour les empêcher d’aller aux manifestations. Ce jour-là, Nassuir a mangé plus vite pour aller à la plage.” Trente minutes après, une voisine accourue en trombe lui annonce le drame. Transporté et opéré en urgence à la Réunion, son enfant n’a vu presque personne pendant près d’une semaine. Visites très contrôlées, à l’hôpital de Saint-Pierre. Ses parents, coincés à Mayotte faute d’argent et de papiers, ont dû négocier ferme via leur avocat. Et puis, la solidarité a fini par débloquer un peu la situation. La compagnie Air Austral a offert le billet d’avion au couple, qui doit repartir dimanche. Un comité de soutien a été créé spécialement pour Nassuir, récoltant près de 4 000 euros rien qu’à Mayotte.

Aujourd’hui, Bacara Oili est “un petit peu soulagé” de voir son garçon. “Pour lui, son enfant n’allait plus vivre”, explique son traducteur. Apaisé, il espère maintenant qu’il y aura un procès dans de bonnes conditions. Le gendarme au bout du flash-ball ? “Je ne sais pas si je pourrai lui pardonner. Les excuses ne rendront pas la santé.” Avant, son fils avait un rêve : il voulait être pilote d’avion

Emeraude Zorer

Source : Clicanoo.re

Publié par la Rédaction le dimanche 16 octobre 2011

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