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Cédric Annicette : libéré sous contrôle judiciaire

Dans les colonies, nos très civilisés gendarmes…
 

Cédric Annicette a été présenté sous escorte au juge d’instruction le jeudi 13 avril. La presse (TV & Radio notamment) s’est fait l’écho du déroulement de cette journée où les témoins (Parents de Cédric et Membres du Comité de Soutien) ont réalisé ce qu’il convient d’appeler la hargne, la barbarie, le mépris, et à terme l’inhumanité des gendarmes de la brigade de Saint-Martin qui ont accompagné le jeune homme de 24 ans, pesant à peine 54 kilogrammes.

Au vu du déploiement des forces de "l’ordre" (une bonne quinzaine d’agents en uniforme et en civil, de la gendarmerie mais aussi de la police nationale), ceux qui ne connaissaient pas Cédric ont imaginé un gaillard de taille et de corpulence imposante, un bonhomme capable de terrasser le premier "flic" qui l’aurait contrarié.

Convoyé depuis Saint-Martin le matin du 13 avril après une journée de garde-à-vue, Cédric Annicette une fois arrivé au palais de justice de Basse-Terre, a été maintenu durant trois quarts d’heures, sous le soleil, dans la fourgonnette qui l’a récupéré à l’aéroport de Pointe- à-Pitre.

Non seulement le véhicule n’était pas climatisé, mais encore les gendarmes de la brigade de Saint-Martin (qui avait la responsabilité de Cédric) ont jugé nécessaire d’en fermer la plupart des volets (d’à peine vingt centimètres de large).

Lorsque après les mille et une manœuvres pour empêcher que le public présent manifeste visuellement sa solidarité au jeune homme, ces gendarmes ont fini par faire sortir Cédric pour l’introduire dans les bureaux du juge d’instruction, les menottes à ses poignets déjà équipés de broches (par suite des interventions chirurgicales), nombreux sont ceux qui sont restés hébétés, consternés ou qui ont éclaté en sanglots ; tellement la scène avait quelque chose de macabre : un moineau groggy par les médicaments qu’il prenait, mais aussi et surtout par la chaleur étouffante dans la fourgonnette...amené par des vautours repus qui donnaient jusque là, le sentiment d’être sous la menace permanente d’un caïd de deux mètres de taille et devant peser au moins cent kilo.

Un éleveur qui aurait transporté ses animaux ce serait précipité pour les sortir du véhicule exposé au soleil et les aurait stationnés de préférence à l’ombre ; il leur aurait proposé de l’eau fraîche... Nos très civilisés gendarmes qui ne trouvent que barbarie chez les populations de Saint-Martin et de la Guadeloupe n’ont pas eu ce réflexe élémentaire que tout humain bien constitué aurait eu vis-à- vis de n’importe quel vivant (animal ou végétal).

Ainsi ne font pas les gendarmes de Saint-Martin ! Ils en ont le droit semble-t-il. Dès lors qu’ils peuvent justifier leur pratique par "la menace" que constituait le moineau de prévenu nommé Cédric Annicette...

Au terme de la demi-journée d’audition par le juge d’instruction, Cédric, assisté de Me Alain Manville, a été mis en examen pour :

  1. "Homicide involontaire par manquement délibéré à une obligation de prudence ou de sûreté, excès de vitesse, dépassement dangereux, défaut de maîtrise, défaut de permis de conduire, défaut d’assurance, défaut de certificat d’immatriculation, mise en circulation d’un véhicule non réceptionné ou non conforme à un type réceptionné" ;
  2. "Mise en danger d’autrui et organisation de course de véhicules à moteur sur la voie publique sans autorisation".

En début d’après-midi, le juge des libertés et de la détention, au vu du dossier a décidé, sans avoir jugé nécessaire le débat contradictoire avec les deux avocats (Me A. Manville, rejoint par Me Roland Ezelin) : de "placer sous contrôle judiciaire la personne mise en examen (Cédric Annicette) qui sera astreinte à se soumettre aux obligations suivantes :

  1. Ne pas se rendre à Saint-Martin
  2. Se présenter... 2 fois par semaine à la Brigade de gendarmerie..."
  3. Etc.

Par le JT de 19:30 du vendredi 14 avril de RFO, l’avocat de la veuve Clin ne s’est pas gêné de juger "d’indécent" la mise en liberté retenue le procureur de la République. Le lendemain, on apprenait que le parquet a fait appel de la décision du juge des libertés et de la détention.

Les mobiles politiques de cet appel ne font pas l’ombre d’un doute : comme au lendemain de l’accident, comme au début de la cabale qui voulait faire passer un accident de la circulation pour un "assassinat raciste", satisfaire les exigences de l’Association de défense des droits des militaires, singulièrement ceux de Saint-Martin qui n’entendent pas que la faute de leur collègue, le gendarme Clin, soit reconnue comme telle. Il leur faut un bouc émissaire.

Le 09 mars, c’était Romanus Dariah que le juge des libertés et de la détention a dû laisser en liberté sous contrôle judiciaire. Le 13 avril, c’est au tour de Cédric Annicette, laissé lui aussi en liberté sous contrôle judiciaire. Comme dit l’avocat de la veuve Clin, "les militaires ne se laisseront pas faire" (!!!!)

Publié par Collectif Cédric Anicette le lundi 17 avril 2006
Mis à jour le mercredi 4 juin 2008

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