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26, 27 Mé 1967 : Nou paka oubliyé !

Déclaration de l’UGTG à la suite du décès de Pierre BOLOTTE
>Mots-clés : Mwa Mé  Mai 1967 
 

Après Pierre MESMER [1], décédé en Août 2007, ancien premier ministre français, massacreur de nègres en Afrique, qui a d’ailleurs bénéficié de funérailles ‘’nationales’’, l’État colonial français, ‘’patrie des droits de l’homme’’ vient de perdre l’un de ses enfants dont il est si fier pour l’avoir d’ailleurs décoré de la légion d’honneur.

En effet, Pierre BOLOTTE, Préfet de Guadeloupe de 1965 à Juillet 1967, l’un des bourreaux du massacre de Mai 67 où pas moins de 200 Guadeloupéens furent fusillés par les militaires français, est mort le Lundi 26 Mai 2008 (41 ans jour pour jour près les tueries des 26 et 27 mai 1967) , paisiblement, chez lui à Neuilly-sur-Seine à l’âge de 87 ans. Celui-là même qui avait ordonné de ‘’tirer sur tout ce qui bouge, qui est noir ou qui tire son origine de cette couleur’’ pour reprendre les récits du Bâtonnier Félix RODES.

41 ans après, l’UGTG, aux côtés d’autres organisations, continue de réclamer justice, vérité, réhabilitation et réparation pour toutes les victimes de ce massacre.

Quoi qu’en pensent certains, prêts à sacrifier l’histoire, la mémoire et les luttes de nos valeureux ancêtres aux mains de nos bourreaux, aux mains du pouvoir colonial français, aux mains des abolitionnistes, l’heure ne peut être à la réconciliation dès lors que l’esclavage demeure un crime sans criminel, sans préjudice pour les victimes (les maîtres furent indemnisés pour chaque esclave libéré), sans jugement, sans condamnation et sans réparation.

Car faut-il encore le rappeler, la Guadeloupe d’aujourd’hui, tout comme l’habitation-plantation de la période esclavagiste, est construite sur un rapport de domination raciale où une minorité, blanche, détient tous les pouvoirs et où la majorité, noire, este exclue de tout : du travail, du savoir, du pouvoir…

  • Non, « la Guadeloupe » ne peut être « en marche » dans de telles conditions.
  • Non, « la Guadeloupe » ne peut être « en marche » quand près de 100.000 Guadeloupéens, nèg é zendyen pour la plupart, vivent en dessous du seuil de pauvreté.
  • Non, « la Guadeloupe » ne peut être « en marche » quand la majorité de ses enfants est exclue du fait même de la couleur de leur peau, suivant un ordre quasi naturel des choses. Et ainsi va la vie, notre vie depuis des siècles.

Un tel schéma, funeste et diabolique, véritable apartheid social pensé et organisé est contraire aux intérêts du Peuple Guadeloupéen, à la soi-disant paix sociale tant recherchée.

  • Au nom de nos valeureux ancêtres ;
  • Au nom des combattants de 1801, de 1802, IGNACE, DELGRES, MASSOTEAU, PALERME, COUDOUX, SOLITUDE, JACQUET… ;
  • Au nom des Militants et Travailleurs Guadeloupéens massacrés les 26 et 27 Mai 1967 dans les rues de Pointe-à-Pitre : NESTOR, TARET, LANDRE, ZADIGUE… ;

L’UGTG :

  • EXIGE REPARATION, REHABILITATION, JUSTICE ET VERITE SUR L’ENSEMBLE DES CRIMES COMMIS PAR L’ETAT COLONIAL FRANÇAIS EN GUADELOUPE ;
  • APPELLE LE PEUPLE GUADELOUPEEN A POURSUIVRE LA LUTTE POUR LA PRESERVATION DE NOS ACQUIS, LA CONQUETE DE NOUVEAUX DROITS, L’EMANCIPATION, LA SOUVERAINETE ET L’INDEPENDANCE NATIONALE ;
  • EXHORTE LES GUADELOUPEENS A NE PAS SE LAISSER EBLOUIR ET ENDORMIR PAR LES JEUX DE LUMIERE ET AUTRES FEUX D’ARTIFICE EN TOUT GENRE ;
  • REAFFIRME PON DISOU PA PED, ANNOU KONTINYÉ NOURI LALIT, NOU KÉ GANNYÉ.

Pour l’UGTG

Le Secrétaire général

Elie DOMOTA

Publié par la Centrale UGTG le mercredi 27 mai 2020

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