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En attendant le grand soir, brève rencontre avec G. Clavier

Entretien à l’hebdomadaire le "Nouvel Observateur"
 

Pour le patronat guadeloupéen, c’est l’ennemi public numéro un, qui terrorise les chefs d’entreprise, sabote l’économie par la grève et prétend s’approprier les moyens de production. Pour les militants de l’Union générale des Travailleurs de la Guadeloupe (6 000 adhérents revendiqués), il incarne la seule alternative au système postcolonial et, à l’heure du grand soir, qui sait, l’indépendance ! Dans son petit bureau de Pointe-à-Pitre, cet ancien infirmier de 47 ans expose, d’une voix posée, les objectifs du syndicat dont il est l’idéologue.

Le Nouvel Observateur : Etes-vous un révolutionnaire ?

Gaby Clavier. Je ne me prends ni pour Lénine, ni pour Castro ! je suis un militant syndical formé sur le terrain des luttes. J’ai exercé le métier d’éducateur spécialisé jusqu’en 1993, date à laquelle je suis devenu secrétaire général de l’UGTG. J’ai abandonné cette fonction en février 2002. Aujourd’hui, le syndicat est dirigé par Raymond Gauthiérot. Je ne suis plus chargé que de la formation.

N. O. Quels sont ses objectifs ?

G. Clavier. Nous voulons être les meilleurs défenseurs des intérêts des travailleurs. Nous nous sommes battus pour la titularisation des personnels municipaux qui étaient exploités par les élus. Mais aussi pour les salariés précaires de la grande distribution, les chauffeurs livreurs des compagnies pétrolières ou les personnels hospitaliers du CHU de Pointe-à-Pitre en grève aujourd’hui, car ils manquent de moyens et d’effectifs pour délivrer des soins élémentaires.

N. O. Vous allez jusqu’à revendiquer la prise en main des entreprises par les salariés….

G. Clavier. Et pourquoi pas ? Les dirigeants des grands groupes capitalistes qui investissent chez nous se comportent comme des chasseurs de primes. Ils empochent les aides fiscales et les subventions puis s’en vont chercher fortune ailleurs. C’est le régime argent public, fortunes privées ! Alors, on se dit qu’avec les mêmes subventions les salariés pourraient gérer eux-mêmes et préserver les emplois. Nous nous battons pour que trois de nos camarades de la Texaco obtiennent la gestion de la station-service de Petit-Bourg. Ils feraient mieux que l’ancien gérant qui n’était jamais là ! A Basse-Terre, depuis deux ans, sept de nos adhérents gèrent une petite usine coopérative qui produit des salades en sachets. Elle marche bien.

N. O. Que répondez-vous à ceux qui reprochent à l’UGTG d’être un syndicat violent, qui cherche à s’approprier des entreprises pour renflouer ses caisses ?

G. Clavier. Le patronat profère toutes sortes de calomnies. Nous sommes moins violents que les Corses, que les agriculteurs en France, ou les salariés de Moulinex qui incendient les hangars. La vraie violence est du côté de l’Etat français qui n’a pas hésité à envoyer des vigiles armés et des gendarmes à l’assaut de nos militants.

N. O. Croyez-vous qu’une Guadeloupe indépendante soit viable ?

G. Clavier. A terme, l’indépendance est souhaitable. Mais nous devons d’abord conduire des expérimentations pour trouver de nouvelles voies. Toute mesure de décentralisation qui nous permettrait de gagner un peu d’autonomie est bonne à prendre. A condition qu’elle ne profite pas d’abord à nos élus qui magouillent depuis tant d’années.

N. O. Comment expliquez-vous que l’indépendantisme recueille moins de 5% des voix aux élections ?

G. Clavier. Le débat politique est confisqué. Les Guadeloupéens votent, par habitude, pour des politiciens qui font semblant de les protéger.

Sylvain Courage [1]
Le Nouvel Observateur - Nº1987 -
Semaine du jeudi 05 Décembre 2002

Publié par la Centrale UGTG le mercredi 3 septembre 2008
Mis à jour le dimanche 28 septembre 2008

Notes

[1N.D.L.R. : Les questions, le chapeau et le titre de l’article pouvant laisser penser le contraire, nous tenons à éviter tout procès en sorcellerie en précisant que c’est bien le véritable patronyme du journaliste

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