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Etats Unis : Les syndicats doivent demander des comptes à Obama

 

En plein coeur de la crise [1] et à quelques semaines
de la prise de fonction du président élu, Barack Obama,
quelle est la position du mouvement syndical américain ?
A l’occasion de la direction nationale de la coalition ouvrière contre la guerre, US Labor Against the War, le 7 décembre, Nancy Wohl forth,
coorganisatrice de cette coalition et membre
du comité exécutif national de l’AFL-CIO, a fait part à Unity & Independence (supplément du journal The Organizer) de ses réflexions sur cette élection et les tâches urgentes du mouvement ouvrier.

L’élection d’Obama a
suscité l’espoir chez des
millions de personnes qui
ont été abandonnées et
oubliées — en particulier
chez les personnes de
couleur.
Dans mon quartier,
à Washington, les
Noirs âgés qui n’avaient
jamais voté de leur vie,
parce qu’ils estimaient
que cela ne faisait aucune
différence, ont fait la
queue six à huit heures
pour voter Obama (…).

Bien sûr, Obama est
un homme politique centriste,
membre des cercles
dominants. Mais ce n’est
pas ce qui est décisif aujourd’hui.
Ce qui
est important, ce sont les millions qui ont
voté pour lui. Ils ont voté pour Obama, le
premier président noir dans l’histoire de
notre pays, parce qu’ils veulent des changements
réels et profonds. Ils veulent préserver
leur emploi et leur retraite. Ils veulent
un système d’assurance maladie pour tout
le monde. Ils veulent la fin des guerres au
Moyen-Orient, afin que ce financement
puisse être redirigé vers la satisfaction des
besoins humains. Ce sont des gens qui ne
vont pas rester les bras croisés et permettre
que les affaires continuent comme avant à
Washington. Nous ne pouvons pas sous-estimer
l’importance historique de cette
élection.

Il nous faut saisir l’occasion. Il n’y aura
de changement que si les gens exigent
d’Obama qu’il rende des comptes et lui fassent
tenir sa promesse d’un véritable changement.

Les politiciens, à Washington, ne sont
pas sur le point de mettre fin à la guerre en
Irak. L’accord sur le statut des forces SOFA
(accord qui donne une base légale au maintien
des troupes jusqu’en 2012 — NDT)
veut imposer à notre pays des bases permanentes
et des troupes en Irak. Ce n’est pas
acceptable. Nous sommes pour le « Retrait
maintenant ! », pas pour le SOFA ou le
maintien des troupes en Irak un jour de
plus. Cinquante et un centimes de chaque
dollar d’impôt va à la guerre et au complexe militaro-industriel. Nous devons arrêter cette folie.

Les syndicats doivent demander des
comptes à Obama. Le mouvement syndical
américain n’a jamais vraiment exigé cela
d’un membre du Parti démocrate.

C’est le moment de commencer. Le
mouvement syndical se mobilise déjà, et
dans une large me sure, pour pousser
Obama et le nouveau Congrès à adopter la
loi sur le libre choix des salariés (EFCA)
— qui nous donnerait enfin le droit d’organiser
tous les travailleurs dans des syndicats,
un droit qui n’existe que sur le papier,
vu toutes les restrictions imposées.
Il nous faut aussi gagner un système de
santé à payeur unique. Les fédérations de
l’AFL-CIO de 39 Etats soutiennent un projet
de loi instituant ce système. Une conférence
nationale ouvrière se tiendra sur cette
base à Saint-Louis à la mi-janvier.

Le défi est énorme : la crise économique
monte de jour en jour. Il y aura d’énormes
pressions sur le mouvement ouvrier
pour qu’il marche au pas.
Nous ne pouvons
pas être intégrés à l’acceptation de « solutions
communes » avec nos employeurs. La
classe ouvrière a besoin que ses revendications
spécifiques soient satisfaites — maintenant,
pas dans quelque avenir lointain !

Il existe une nouvelle atmosphère d’espoir.
Si nous lui donnons une expression organisée,
nous pouvons l’emporter.

| Lire aussi : Etats-Unis : Le 4 Novembre 2008, une élection historique.

Publié par la Rédaction le jeudi 18 décembre 2008
Mis à jour le lundi 22 décembre 2008

Notes

[1« To change ! »
(« Pour que cela change ! »).

Ce mot d’ordre, qui a été celui de
toute la campagne d’Obama, les
millions de travailleurs,
de jeunes, notamment noirs,
qui ont porté Obama
à la présidence le 4 novembre
l’ont rempli d’un contenu :
que cela change,
que cesse la guerre
en Irak comme en Afghanistan,
que cessent les licenciements,
que soit enfin instauré
le système de « payeur unique »
(autrement dit,
de sécurité sociale solidaire),
que la loi garantisse
dans tout le pays le droit
de tout travailleur
à s’organiser en syndicat… Un mois après l’élection du
« premier président noir des Etats-Unis », alors que la crise
fait rage — 500 000 emplois détruits au cours du seul mois
de novembre —, alors que les solutions face à la faillite
des trois trusts de l’automobile — Ford, General Motors et
Chrysler — présentées par les démocrates
ou les républicains vont se solder par 35 000 à 40 000 suppressions d’emplois et une baisse de salaires que d’aucuns chiffrent à 40 %,
dans la classe ouvrière, au sein des syndicats de l’AFL-CIO, des
voix s’élèvent pour dire : « pour que cela change »,
il faut sauver non pas les banques et les trusts,
mais les travailleurs.

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