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Les Blancs créoles de la Martinique

Par Édith Beaudoux-Kovats et Jean Benoist
>Mots-clés : Racisme  Justice coloniale  
 

La définition que les membres du groupe donnent d’eux-mêmes,
l’acceptation très lente des apports nouveaux qui contraste avec le processus observé dans d’autres pays du Nouveau Monde, sont peut-être consécutives à la situation insulaire.

Enserrés depuis des générations dans une île exiguë, souvent assez isolés du monde extérieur, luttant contre les exigences économiques de la métropole, contre les pouvoirs de ses représentants, observant avec méfiance la « montée » d’une bourgeoisie de couleur, les Blancs créoles ont facilement développé un fort sentiment d’identification à leur groupe et un mode de vie autarcique.

Exiguïté de l’île favorisant le rapprochement des individus et facilitant un fort contrôle social, isolement relatif freinant une évolution rapide et rendant aisée la conservation de valeurs traditionnelles, ce sont là des facteurs écologiques qui ont une importance capitale pour la vie du groupe et dont nous retrouvons l’influence à tous les niveaux.

Les Créoles se définissent eux-mêmes comme les descendants des propriétaires esclavagistes et se situent un peu au-dessus des autres puisqu’ils ont été les maîtres. Ils ont le sentiment d’appartenir à une caste fermée qui a toujours eu la direction économique de l’île. « C’est nous qui avons créé ce pays, qui en avons fait ce qu’il est.
Même maintenant, c’est nous qui faisons marcher l’industrie, qui nous occupons des terres, même si c’est souvent peu rentable. Les Noirs n’en veulent pas, ils ne pensent qu’à être fonctionnaires. Si nous devions quitter l’île, elle régresserait de cinquante ans, du point de vue économique. »

Cette situation à part est illustrée par la façon dont les Créoles décrivent avec une remarquable identité de vue la structure sociale martiniquaise. Selon eux le principal critère de différenciation sociale est la race qui sépare la société en deux : d’un côté, il y a les Blancs, de l’autre, les Mulâtres et les Noirs. Ce sont deux groupes bien distincts qui ne se fréquentent pas, sauf pour des relations d’affaires ou parfois des relations de camaraderie, mais entre hommes seulement.

| Extrait de l’ouvrage : Les Blancs créoles de la Martinique - Par Édith Beaudoux-Kovats et Jean Benoist, in "L’archipel inachevé - Culture & société aux Antilles françaises", Paris, L’Harmattan, 2002

Publié par la Rédaction le dimanche 8 mars 2009
Mis à jour le lundi 9 mars 2009

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