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Lettre ouverte de mère Guadeloupe

>Mots-clés : LKP  Solidarités 
 

LETTRE OUVERTE DE MERE GUADELOUPE

Je vivais quelque part, entre le ciel et l’eau,
Depuis les temps anciens, tel un précieux tableau,
Plongé dans la verdure, et l’ignorance des uns,
La convoitise des autres, débarquant pompeusement, avares et opportuns.


Je ne suis point ingrate. Je sais qui m’a bâtie :
Je vois encore ces mains suer, saigner, pétries !

Jamais je ne perdrais une once de mémoire,
Une Terre se souvient, plus longtemps qu’on n’peut croire…
Car dans les plantations, où la vie pétaillait,
Je n’ai pas oublié les couleurs qui chantaient,
Quand montait la pénombre dans les champs et coulées
Les ravines et les mornes, les rivières et vallées.
Je ne peux pas tout dire… Je dois souvent me taire,
Quand je vois mes enfants repoussés en enfer !
Leurs cris me hantent tant, transcendant mes silences,
Dans les sentiers battus, le bitume contre la violence,
Que je tremble de haine en ces jours que voilà !
Eh ! C’est ma descendance ! Que faites-vous donc là ?

Vous profitez, barbares, d’innocents malheureux,
Etalant vos pouvoirs, sous l’œil blessé des cieux,
Accusant savamment une Nation de vos crimes,
Oubliant que pour vous, le beau temps se consume !

Je nourrirais les miens, avec ou sans vos dons !
Ils survivront de vous, de vos profitations !
Généreux, dîtes-vous ? Comptable et commercial !
Vous vendez à mes gens vos remèdes fatals,
Empoisonnant leurs vies parfois de chlordécone,
Ou d’autres subterfuges, qui m’agacent et m’étonnent.
Et ce n’est ni injures, ni racisme de vous dire,
Qu’un grand jour de victoire, que j’aimerais bénir,
Se lève sur mes savanes, et sur mes plantations,
Plongeant vos actes graves, dans la condamnation !

Petits pieds, petits pas, marchant sur le bitume,
Pieds de Nègres, pieds d’Indiens, pieds de Blancs qui s’enfument,

Soulevant la poussière d’un habitus sans fin,
Préparez aujourd’hui vos heures de demain,
Réclamez votre dû, scandant un hymne nouveau :
Que Gwada sé tan nou, Gwada sé pa ta yo !

Allez ensembles tous, fils et filles de mes entrailles !
Le triomphe est au bout ! C’est l’ultime bataille !

Petits papillons purs, plantés dans l’océan bien trop bleu, bien trop
sage,
Levez-vous, maintenant, n’ayez plus jamais peur des terribles adages !
Vous n’pouvez que gagner la dignité bafouée de vos si braves
ancêtres,
Retrouver la fierté, l’amour et la vigueur qu’on a fait
disparaître,
De vos familles brisées, de vos groupements sacrés, de vos liens forts
en vrille
De vos paroles si fortes, de vos mains généreuses, votre avenir qui
brille.
Si des tympans se blessent, quand la vérité sort,
Si la loi se pavane, en détails et consort,
Confortant assassins, voleurs, goujats connus,
De ces siècles de luttes, on aura bien tout vu…
Mais qu’à cela ne tienne, l’histoire avance, c’est sûr,
Sans vengeance ni rancune, le passé se présente aux portes de vos murs.

J’enfante mes héros ! Qui pourra les combattre ?
J’organise mes luttes ! Mes victoires en savates !
Flemming, Bino, Lollia, Domota et Beauchamp, Des Etages, Nomertin,
Aristide, et bien d’autres,
Se lèveront tour à tour, malgré vos inquiétudes, vos tentatives de
fraude,
L’oppression, la malice, ces mensonges qui vous brûlent, et vos manblos qui rôdent !
Moi, Guadeloupe solidaire, je sais et je le dis, vigilante et debout,
Je crie solennellement que « jou Gwada ké atè pôkô vwè jou » !

Sibiline H.

Publié par Ibuka le samedi 14 mars 2009
Mis à jour le dimanche 22 mars 2009

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