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Une délégation du LKP (Liyannaj kont pwofitasyon) de Guadeloupe a tenu une conférence de presse mardi 24 mars, à Paris.
Les trois délégués, Raymond Gama, du NONM, Max Evariste, secrétaire général de la CGT-FO de Guadeloupe, et Victor Fabert, de Travayé é Peyizan, ont expliqué la formation du LKP et son rôle dans la grève.
En ouvrant, au nom de la délégation, la conférence de presse, Raymond Gama s’est déclaré « choqué qu’à peine terminée la grève générale en Guadeloupe, avec le succès revendicatif que l’on connaît, le procureur de la République en Guadeloupe ait envisagé d’ouvrir une enquête contre le principal porte-parole de ce mouvement, Elie Domota ». Il a rejeté l’accusation de racisme portée à l’encontre du leader du LKP.
Il s’est employé à montrer au contraire comment le racisme « consubstantiel de l’esclavagisme » s’est installé en Guadeloupe. «
C’est l’histoire qui a fait de nous, Noirs esclaves, des “nègres” », a-t-il rappelé.
Un racisme qui imprègne jusqu’à ce jour toutes les relations sociales de classes en Guadeloupe, en Martinique… « Les Noirs, les métis sont majoritaires, mais ceux qui occupent tous les postes de direction, au plan économique comme au plan politique, sont Blancs. »
« C’est un fait », a-t-il souligné, rappelant qu’il y a encore aujourd’hui « des lieux d’habitation réservés aux “continentaux”, aux “Européens”, interdits aux Noirs ».
« La grève, a-t-il souligné, a été non seulement une grève pour les revendications sociales, mais également une grève pour affirmer la volonté d’en finir définitivement avec cette situation. »
« La liberté, a-t-il conclu, est pour tous les hommes et femmes, quelle que soit la couleur de leur peau. »
Max Evariste a insisté, lui, sur « l’exigence que soit étendu l’accord qui a mis fin à la grève générale. C’est la responsabilité du gouvernement. » Il a rapporté qu’alors même que le Medef, en Guadeloupe comme au plan national, refusait de signer cet accord « plus de 80 accords ont été signés par les patrons, concernant quelque 2 000 entreprises et plus 20 000 salariés. Au départ, ce sont les petites entreprises qui ont donné leur accord. Mais maintenant, même des grands groupes appartenant au Medef qui ont traîné les pieds commencent à signer eux aussi. »
Concernant la polémique déclenchée par le Medef sur le préambule de l’accord (voir le numéro 238), Max Evariste a rappelé que « ce préambule, comme l’accord dans sa totalité, a été négocié et rédigé avec le préfet et les représentants du gouvernement ; il n’y a donc aucun motif à polémique ».
Il est revenu à Robert Fabert d’expliquer l’origine, le rôle et le mode de fonctionnement démocratique du LKP. Pour comprendre ce qui s’est passé, explique-t-il, il faut revenir à décembre dernier, lorsqu’une première grève a sonné comme « un coup de semonce que personne n’a voulu entendre, et à la réunion des représentants des organisations populaires avec les syndicats, le 5 décembre, suivie d’une série de réunions unitaires qui ont pris le temps de discuter les différents points de vue et ainsi peu à peu construit la plate-forme sur laquelle la grève générale s’est engagée ». Il a souligné « le rôle déclencheur des élections prud’homales, qui ont vu une augmentation significative de la participation ».
La démocratie, le respect du mandat ont été tout au long de la grève la marque du LKP.
« Des réunions quotidiennes au Palais de la Mutualité ont rassemblé des milliers de travailleurs, qui ont été les garants de l’unité, par-delà les différences. Différents, mais ensemble : telle était la volonté de tous. Outre ces assemblées quotidiennes, des manifestations ont réuni 60 000 à 100 000 personnes.
La plate-forme qui en est résultée portait sur toutes les questions vitales pour la population laborieuse et la jeunesse : emplois, salaires (les 200 euros, notamment), niveau de vie, éducation, formation professionnelle, pêche, agriculture, droits syndicaux, santé, culture… »
La grève est terminée.
Un accord a été signé.
Mais Liyannaj est toujours là. Avec les travailleurs, la jeunesse, la population bien décidés à faire respecter tous les points de l’accord qui a été signé. « Liyannaj a changé quelque chose en Guadeloupe. Rien ne sera plus comme avant », déclarait en conclusion Robert Fabert.
Source : Informations ouvrières,
N° 330 - 1er avril 2009