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Construction & consolidation du Liyannaj Haïti-Guadeloupe

Meeting LKP du jeudi 28 mai 2009 an Bik la
>Mots-clés : Mwa Mé  LKP  Solidarités  Haïti 
 

Dans le cadre des manifestations du LKP pour le mois de Mai, une soirée de Liyannaj entre les peuples et travailleurs d’Haiti & de Guadeloupe s’est déroulée le jeudi 28 mai 2009 au soir.

Nous mettons en ligne la transcription de deux des interventions : celle de Raphael DUKENS, Secrétaire général de la Confédération des Travailleurs du Secteur public/privé [CTSF] d’Haïti et celle de R. FABERT, de Travayè é Péyizan, un des initiateurs de cette solidarité en Liyannaj.

LIYANNAJ AYITI - GWADLOUP

I - Intervention de DUKENS Raphaël, de la CTSF

Je dois tout d’abord dire que je suis connecté avec LKP comme avec une expérience natif-natal [originale], une expérience qui ne s’est encore produite nulle part ailleurs ni auparavant, une expérience qui n’a pas de marque de fabrique.

Nous avons ainsi commencé à la suivre de ses débuts, jusqu’à la signature de l’Accord BINO [26 février 2009] ; puis avons poursuivi jusqu’à notre arrivée en Guadeloupe, hier mercredi 27 mai 2009.
Nous avions prévu de faire une longue intervention. Mais en y réfléchissant bien à avant notre départ, nous avons bien compris qu’il n’y avait rien à dire... Mais qu’il nous appartenait plutôt d’y apprendre. Nous sommes donc venus pour apprendre !

Je vais continuer en français car c’est ma première visite en Guadeloupe et je prétends y revenir afin notamment de pouvoir la visiter en de nombreuses autres occasions. Pour cette raison, je dois éviter d’utiliser certains mots… Je vais donc essayer de ne pas prêter à équivoque…

Par exemple, le camarade [Raymond GAMA] a parlé plus tôt de DUVAL [section de la commune de petit-Canal] [1]...

Chez nous on a eu le dictateur DUVALLIER. On dit que les DUVALLIER sont venus de la Martinique… On dit aussi que DUVALLIER serait le producteur des békères chez nous… Les békères désignent en HAITI les profiteurs… Je ne vais pas citer de nom de békés, car je ne sais pas ce que cela veut dire. Et quand je lis l’acte d’accusation porté contre les camarades guadeloupéens, je vois qu’ils ont parlé de békés... Et que cela a été qualifié de racisme, d’appel à la violence, d’incitation à la haine raciale… Etc. Moi, je ne vais pas faire cela, je ne parle que des békères de chez moi…

Ensuite, on a vu et entendu à la télévision – c’est diffusé chez nous – qu’il y a eu l’Accord BINO, n’est-ce pas ? Bon, en bonne autorité, on est obligé de respecter sa signature : si on n’est pas d’accord on n’est pas d’accord ! Mais quand on signe, il faut assumer ce qu’on signe ! Et là je ne comprends pas les ressemblances ou les similitudes…

Chez moi également on vient de faire quelque chose : Il y a eu une augmentation du salaire minimum… C’est passé à la Chambre des députés, c’est passé au Sénat… Mais les patrons disent : « Nous, on n’en veut pas ! » Jai entendu à la télé - ce n’est donc pas moi qui l’affirme - que l’Accord BINO rencontrerait lui aussi des difficultés d’application…

Je ne me prononcerai pas plus sur cette question, car comme je l’ai dit auparavant, je suis ici en Guadeloupe… Et je ne veux pas que la machinerie de l’ambassade de France en Haïti tombe en panne et me prive de mon visa comme ça a été le cas pour mon camarade FIGNOLÉ Saint-Cyr ! [2]

Je vous remercie, merci beaucoup !

DUKENS Raphaël,
Secrétaire général de la Confédération des Travailleurs du Secteur public/privé (CTSF) d’Haïti
Meeting LKP : Liyannaj Ayiti – Gwadloup,
Palais de la Mutualité, Pointe à Pitre
Jeudi 28 Mai 2009

II - Intervention de Robert Fabert de Travayè é Péyizan

En tant que militant de Travayè é Péyizan, et depuis nos débuts dans la lutte, nous avons estimé que notre contribution à la lutte des travailleurs et du peuple de Guadeloupe ne pourra aboutir que si elle est en Liyannaj avec les combats des travailleurs et des peuples de la Caraïbe. Notamment, le Liyannaj entre le peuple d’Haïti et le peuple de Guadeloupe qui ont tous deux un passé commun : 1802-1804.

Et nous ne pouvons pas aujourd’hui, en observant ce qui arrive à ce pays qui subit sa troisième occupation militaire - depuis 2004 Haïti est réoccupé par la MINUSTAH - laisser les états occupant ce pays enfoncer à nouveau la tête de ce peuple sous l’eau. Car le combat du peuple d’Haïti pour sa libération doit être une référence pour nous... Donc si nous luttons pour notre liberté, si nous luttons pour sortir notre pays du joug français, nous devons aussi nous battre pour que les troupes de la MINUSTAH sortent de ce pays de la Caraïbe !

C’est ainsi qu’à travers les contacts et les liaisons établis avec les camarades, nous sommes arrivés à établir ce Liyannaj ; que nous sommes arrivés à nous battre ansanm-ansanm pour notre liberté mais aussi pour la liberté des travailleurs et du peuple d’Haïti.

Je ne serai pas très long car il se fait tard, mais je tiens à dire que ce Liyannaj entre nos deux peuples doit continuer ; car notre construction est aussi celle de la Caraïbe. Et la construction de la Caraïbe passe par un Liyannaj encore plus fort entre le peuple de Guadeloupe et le peuple d’Haïti.

C’est la raison pour laquelle depuis quelques années, pour renforcer ce mouvement, pour renforcer ce Liyannaj, qu’avec L’UGTG et le Mouvman Nonm, avec un certain nombre d’organisations dans le pays Caraïbe, nous organisons ce que nous appelons la Conférence Caraïbe. Et pour marquer une solidarité encore plus forte avec Haïti, la dernière Conférence Caraïbe s’est tenue les 12 & 13 décembre, en Haïti même.

Et c’est dans le cadre du suivi de ce travail que se déroule cet échange. Précisément, dans le cadre des résolutions issues de cette Conférence de décembre affirmant qu’il doit y avoir une commission internationale d’enquête chargée de venir constater sur place ce que font les différents impérialismes, ce que fait la MINUSTAH dans ce pays.

Précisément ces jours-ci la MINUSTAH réprime sauvagement le mouvement des étudiants de la Faculté de médecine : le combat du peuple et des travailleurs d’Haïti est donc en Liyannaj avec le notre. Car ces étudiants ont raison de mener le combat qu’ils livrent ces jours-ci : un combat contre la privatisation de la faculté de médecine ; un combat contre une politique visant - par la privatisation des études de médecine - à exclure les enfants des travailleurs pauvres de ce cursus ; un combat contre la volonté d’empêcher aux enfants des pauvres de devenir médecin ; pour mieux réserver ces études aux seuls enfants des riches.

Ce combat doit être mené en Liyannaj, de concert.

Merci !

Robert Fabert,
Meeting Liyannaj Ayiti-Gwadloup,
Pointe à pitre, Palais de la Mutualité,
Jeudi 28 Mai 2009

Publié par l’ATPC le dimanche 31 mai 2009

Notes

[2Le secrétaire général de la CATH [Centrale Autonome des Travailleurs d’Haïti] - faute de visa - n’a pu venir en Guadeloupe à l’occasion des manifestations du mois de mai du fait d’une panne aussi subite qu’inexpliquée du système informatique de l’ambassade de France en Haïti...

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