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Si l’on retrace l’historique des différents systèmes de culture vivriers en Guadeloupe, le premier système de culture dont on retrouve la trace est celui des indiens caraïbes, « l’ichali ».
Le système de culture caraïbe est pan-tropical et a une vocation d’auto-subsistance. Il est polycultural à base de racines vivrières. Un petit jardin de case associé à l’habitat permet un petit élevage et la culture de vivres verts et de plantes médicinales. L’établissement des Européens sur l’île en 1635 marque les débuts de la mercantilisation des produits du jardin et de la transformation du système cultural. Le système de culture devient permanent (défrichage) et de nouvelles plantes y sont introduites (diverses variétés d’ignames,…).
Les habitations sucrières ou celles de « cultures secondaires » incluent des pôles de cultures vivrières : cultures intercalées, jardins d’habitation, jardins à nègres.
Ainsi, le système traditionnel de subsistance tel qu’il apparaît au XVIIIe siècle est étroitement lié à l’économie de plantation. Il trouve son fondement dans les besoins, les connaissances, le savoir-faire des Caraïbes, des esclaves noirs, des colons.
L’après-abolition permet aux petites propriétés en polyculture de prendre de l’importance. À l’aube du XXe siècle, les grandes lignes du paysage agraire sont donc tracées. Les jardins créoles ou exploitations traditionnelles sont constituées d’un mélange structuré d’un grand nombre d’espèces végétales différentes et sont destinés à des usages variés allant de l’autoconsommation à la vente.
La fin du XIXe siècle marque le début du déclin des cultures
d’exportation. Après 1946, comme dans l’économie de plantation, le moteur de l’économie est à l’extérieur.
Ainsi, la crise de l’exportation, le développement du secteur tertiaire et le mimétisme de la consommation européenne entraînent la régression du secteur primaire. C’est la crise du secteur vivrier avec une diminution régulière des surfaces qui lui sont consacrées. Les transferts de la Métropole n’ont pas permis l’augmentation de la productivité de l’économie locale. Les systèmes polyculturaux à base de productions vivrières sont transformés. Dans les années 1990, on distingue alors deux systèmes : une polyculture qui se maintient en marge avec une vocation double de subsistance et/ou de vente, des systèmes plus intensifs (bi ou monocultural) polarisés sur l’igname, qui cherchent avant tout à maximiser leurs profits.
Comprendre les déterminants économiques stratégiques des agriculteurs et prendre en compte la diversité des systèmes de culture est indispensable à la mise en place d’un plan de développement adapté. Ainsi, la coexistence de systèmes aux logiques bien
différentiées est un élément majeur à considérer.
Catherine COSAQUE-LORDINOT, [Agronome]
In : Actes du colloque de Goyave - [22 et 23 septembre 2006]