KONFERANS, LYANNAJ é MEETING èvè Lé REZISTAN - Jeudi 27 Juin 2024
Publié le 24/06/2024
Meeting Solidarité KANAKY mardi 11 juin 2024
Publié le 10/06/2024
Meeting lundi 06/02/2023 à 19h au Palais de la Mutualité
Publié le 5/02/2023
Meeting d’information jeudi 10 mars 2022 à 18h30
Publié le 6/03/2022
Meeting d’information mardi 8 mars2022 à 18h30
Publié le 6/03/2022
Incertitudes et Espoirs (Extrait de l’ Editorial)
Le mouvement social de janvier février 2009 qui a paralysé la Guadeloupe durant 44 jours et mobilisé dans la rue plusieurs milliers de manifestants a mis à nu la profonde crise politique, économique, sociale et morale que traverse le pays.
Une éruption sociale ayant pour toile de fond l’exploitation outrancière, la pwofitasyon, dans le cadre d’une économie de comptoir, prolongement modernisé du système de l’habitation esclavagiste, une société d’inégalités, de laissés -pour-compte engendrant au-delà de la misère proprement matérielle, la souffrance, le désespoir, les violences de toutes sortes.
En clair le système s’est complètement coupé de ses acteurs. Évidemment ce mouvement occupe une part importante de la présente livraison. Il fait l’objet d’un dossier dont l’entame est une chronologie commentée établie par Léon Danquin. Chacun pourra alors se remémorer le fil de ces 44 glorieuses.
Ces repères étant posés, Emile Ernatus s’interroge sur les inégalités qui ont été un des facteurs de la crise. Il aborde ce questionnement : « Comment faire reculer les inégalités sur le fondement d’une justice sociale clairement définie ? »
Prolongeant l’analyse des facteurs de la crise au-delà de l’économie, Georges Combé vient à s’interroger sur ce que représente le mouvement social en lui-même : un phénomène universel à l’ère de la mondialisation dont l’exemple guadeloupéen a constitué un véritable laboratoire sociologique. Utilisant la grille d’analyse de la sociologie des mouvements sociaux, il essaie de dégager le sens de cet événement de sa genèse à ses finalités explicites et implicites.
Léon Danquin, du présent nous ramène vers le passé afin justement de mieux éclairer nos perceptions de ce présent. La réflexion historique privilégie deux axes, d’abord ; montrer l’articulation du mouvement social de 2009 à l’histoire en ce qu’il réactive dans le présent les drames du passé et les questions lourdes restées en souffrance, ensuite, en quoi la rémanence du modèle de l’économie de plantation rend compte de la persistance d’une économie de rente parfaitement organisée qui est au coeur du système de la pwofitasyon.
Le dossier mouvement social se termine par une réflexion philosophique de Jenner Bedminster sur la dignité et la reconnaissance ainsi que par un article de Luciani Létang, anthropologue, qui s’attache à montrer comment la résistance qui s’est exprimée pendant les 44 jours de grève tire sa filiation du capital culturel guadeloupéen élaboré à partir des dynamiques d’entraide des esclaves et véhiculées de génération en génération depuis le XVIIe siècle.
Deux autres temps forts marquent ce présent numéro : la littérature et l’aménagement du territoire. En littérature, nous sommes invités à une double découverte.
D’abord il nous est agréable de présenter un travail d’Art Broek qui nous ouvre sur un pan ignoré de notre environnement caribéen, la littérature papiamentu des territoires insulaires de la Caraïbe de colonisation hollandaise.
Ensuite une étude de Michel Hippon sur un de nos écrivains injustement méconnu, Paul Niger, pseudonyme d’Albert Béville tragiquement disparu dans la catastrophe aérienne de Deshaies du 22 juin 1962. Michel Hippon nous fait découvrir ce poète de la négritude et de la revendication humaniste trop tôt disparu qui cherchait à assurer le passage du « pays réel au pays rêvé ».
Enfin, l’article de Paul Chim vient à point nommé au moment où l’on s’interroge sur les perspectives de développement de l’archipel guadeloupéen, pour poser la problématique de l’intérêt des aérodromes locaux ( Marie-Galante, Désirade et les autres). Les temps difficiles que nous vivons ne sont pas un destin. Nous avons la conviction, au-delà de la résignation entretenue, de l’immobilisme ambiant, qu’une ambition collective forte peut tirer ce pays vers l’avant.
Site internet : http://etudesguadeloupeennes.net/guadeloupe/