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Publié le 10/06/2024
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Publié le 6/03/2022
Meeting d’information mardi 8 mars2022 à 18h30
Publié le 6/03/2022
(pour la défense des droits syndicaux et politiques)
N°87 / Juillet-août 2012
Editorial
Ce bulletin est essentiellement consacré à l’interview qu’Elie Domota, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs de la Guadeloupe (UGTG) a donnée à l’issue de la tournée qu’il a réalisée à la tête d’une délégation de son organisation, à l’invitation de notre comité, du 10 au 17 juin 2012.
Au moment où nous écrivons ces lignes, le bureau de notre comité, conformément à ce qui a été discuté dans les réunions et meetings, prend contact avec les services du ministère de la Justice, afin qu’une délégation du Cicr et des responsables syndicaux soit reçue. C’est le mandat confié par les centaines de militants et responsables syndicaux qui se sont associés à cette démarche pour que cesse la répression antisyndicale en Guadeloupe, pour la levée des sanctions et l’abandon des poursuites à leur encontre.
Nous nous efforcerons, au fur et à mesure des développements de cette campagne, de vous en tenir informés le mieux possible ainsi que de la poursuite de notre action pour la libération du syndicaliste russe, Valentin Ourousov, injustement incarcéré depuis des années.
Pour le bureau du Cicr,
Le secrétaire,
Gérard Bauvert
Question : A l’initiative du Cicr tu viens de faire avec deux autres membres de la direction de l’UGTG des meetings et rencontres dans 5 villes de France du 11 au 17 juin pour faire connaître la situation sociale actuelle en Guadeloupe et appeler à la mobilisation contre la répression antisyndicale. Quel est le bilan que tu tires de cette semaine ?
ED : C’est une tournée très positive. Que ce soit à Lyon, à Nantes, à Paris, à Lille ou à Limoges, le public était présent en nombre, composé principalement de militants syndicaux, très attentifs et je crois que le message est passé. Notre objectif était de faire sortir des limites de la Guadeloupe les informations en particulier sur la répression antisyndicale. En définitive il s’agissait de casser les barrières car aujourd’hui on n’entend pas ce qui se passe réellement en Guadeloupe, alors qu’il y a des mouvements de grève, des combats qui se mènent. De ce point de vue l’objectif de cette tournée est atteint, notre information est passée. Dans ces meetings et réunions il y avait également pas mal de responsables politiques, des responsables régionaux, locaux, mais également des maires, des adjoints aux maires et des conseillers municipaux dans des grandes villes notamment à Nantes, à Lille où dans cette ville on a eu aussi une lettre de soutien de Madame Martine Aubry. Donc cette tournée est en tous points positive. La deuxième étape est que Madame Taubira, la ministre de la justice réponde favorablement à la demande d’audience du Cicr par rapport à la situation de répression antisyndicale en Guadeloupe.
Elie Domota à Lille (14 juin 2012), avec Maître Hélène Carrera
Question : Les participants aux meetings et réunions ont contresigné cette demande d’audience du Cicr exigeant en cela que cesse la répression contre l’UGTG et les syndicalistes, qu’as-tu à dire à ces centaines de signataires ?
ED : Faire appel à la solidarité était le sens de notre appel et je crois qu’il a été largement entendu. Les militants qui ont signé la lettre à Madame Taubira sont maintenant parfaitement au courant de la situation, ils ont tout à fait compris que défendre les travailleurs de Guadeloupe c’est défendre les travailleurs qui en France luttent pour l’amélioration de leur situation. Egalement, des contacts ont été noués avec de nombreux responsables syndicaux avec qui nous avons échangé les coordonnées pour rester en contact et communiquer sur la situation en Guadeloupe et dans leurs régions respectives.
Question : Dans ces réunions, nombreux également étaient les originaires de Guadeloupe et de la Caraïbe qui pour la plupart vivent en France, des associations également qui ont tenu à échanger avec toi, que retiens-tu de ces discussions ?
ED : C’est vrai on a rencontré beaucoup de Guadeloupéens, de Martiniquais, mais aussi de camarades d’Afrique et je crois qu’il y a un grand besoin d’échange. Ils s’intéressent beaucoup à ce qui se passe en Guadeloupe mais ils rencontrent aussi des difficultés dans leur insertion, leur intégration en France. Aussi des contacts ont été noués pour que nous puissions débattre de ces différentes situations pour que nous puissions les uns et les autres nous entraider.
Question : Envisages-tu également de t’adresser à ces centaines de personnes, de militants qui sont venus dans les meetings et réunions ?
ED : Tout à fait et c’est essentiel. D’ailleurs dans la lettre adressée à Christiane Taubira et qui a été contresignée par toutes les personnes présentes dans les réunions, l’engagement a été pris en particulier par le Cicr de les informer des suites. Et au-delà des suites de cette action précise en direction de la Ministre de la justice, il y aura nécessité d’une information régulière concernant la situation en Guadeloupe, c’est le moins que l’on puisse faire vis-à-vis de ces personnes qui ont assisté aux meetings.
Question : Tu as évoqué la lettre que Martine Aubry t’a adressée soutenant votre combat, un contact va-t-il être établi avec elle et avec Christiane Taubira ?
ED : Tout d’abord, j’ai été très surpris de recevoir ce mot de Martine Aubry qui dit : notamment :
Cher Elie Domota
La campagne électorale m’éloignant de Lille pour quelques jours, je ne pourrai vous accueillir personnellement à l’occasion de votre passage. Croyez bien que je le regrette sincèrement, d’autant plus que chacun connait le combat que vous menez pour améliorer la situation sociale en Guadeloupe. J’aurais beaucoup aimé en discuter avec vous. etc…
J’accueille bien sûr ces propos favorablement. Cela veut dire que quelques part le sens de notre initiative a été entendue. Nous avons fait des démarches auprès de monsieur Hollande Président de la République par rapport à la mémoire de mai 1967 où 100 Guadeloupéens furent tués par balles à Pointe à Pitre par l’armée française. Nous avons écrit à Monsieur Sapin Ministre du Travail concernant un de nos camarades délégué syndical de l’UGTG victime de la répression au Crédit agricole et nous l’avons saisi également concernant le non respect de l’accord Bino et l’opposition du Préfet de Guadeloupe à ce que l’Inspection du Travail intervienne dans le dossier qui nous oppose aux patrons sur l’application de la clause de convertibilité de l’accord au 1er mars 2012. Nous attendons des réponses claires et précises sur toutes ces questions. Dans la campagne électorale il a été souvent question de « changement maintenant ». Dans les faits nous allons voir s’il va y avoir une modification de l’attitude du gouvernement par rapport au gouvernement précédent. Toutes les demandes de rencontres et nos courriers que ce soit dans le cadre du suivi de l’accord LKP, que ce soit dans le cadre de l’application de l’accord Bino, que ce soit sur le dossier de Mai 67, sont à ce jour resté sans réponse. On attend…
Question : Tu as dit vendredi soir à la réunion à Limoges que tu revenais avec plaisir 20 ans après dans cette ville….
ED : Effectivement j’ai fait mes études à Limoges dans les années 80 et c’est vrai que cela fait plus de 20 ans que je n’y avais pas mis les pieds. J’ai reconnu les lieux que j’avais fréquentés pendant les 7 ans où j’ai fait mes études universitaires, j’ai retrouvé vendredi soir des amis et des camarades. C’est une charmante région et aujourd’hui en plus il y a du soleil ce qui n’est pas toujours le cas. Je vais rencontrer cet après midi les amis de l’association TCHIMBE dans laquelle je jouais au foot et où je faisais de la musique.
Question : Il y a eu aussi samedi une réception fraternelle organisée par l’Union locale CGT dans la ville ouvrière de Saint-Junien qui a une histoire très particulière, rencontre à laquelle ont d’ailleurs participé des élus de la ville et des élus du conseil régional et du conseil général….
ED : Ce qui m’a frappé et je l’ai dit dans cette rencontre, c’est la proximité entre les militants syndicaux et des élus politiques locaux qui sont très proches des syndicats et qui eux-mêmes sont souvent des syndicalistes. Chez nous il y aune distance franche, un écart conséquent entre les élus et les travailleurs. Les travailleurs luttent et la majeure partie des élus les critiquent ouvertement et ne prennent jamais positions pour le règlement favorable des conflits. Ce sont très majoritairement des élus qui sont contre les syndicats et contre le mouvement social. On ne voit pas chez nous des élus descendre dans la rue pour s’opposer à la fermeture d’une usine.
Question : SI on multiplie par 50 ou par 100 en France le nombre de ces rencontres fraternelles et de solidarité telles qu’à Saint-Junien avec les organisations syndicales, n’est pas une de vos meilleures protection contre vos détracteurs qui voudraient vous isoler, contre la répression qui vous frappe ?
ED : Tout à fait ! Nous avons commencé à rencontrer beaucoup de militants syndicaux pendant ces 6 jours de tournée, l’idée est qu’ils servent de relais pour diffuser les informations, qu’ils restent en éveil sur la question de la répression antisyndicale en Guadeloupe et qu’ils démultiplient les prises de position. De notre côté nous devons aussi rester éveillé sur la situation des travailleurs en France qui est difficile surtout au regard des annonces qui sont faites sur la fameuse ratification des traités de l’Union européenne. Je crois qu’il y aura là très certainement des décisions à prendre et des mobilisations à organiser pour défendre les garanties sociales et les droits des larges masses.
Question : Tu disais hier que nous ne verrons peut-être pas les changements fondamentaux de la société pour lesquels nous militons et tu rapprochais cela de la signification de la fuite des premiers esclaves qui s’échappèrent des plantations…
ED : Très souvent on veut tout, tout de suite, c’est le caractère de l’être humain. On veut que le changement tant espéré on puisse le voir avant de mourir. Des fois quand on prend de l’âge et que les changements n’arrivent pas, on est parfois déçu et cette déception se transforme parfois en une position qui est que ce qu’on recherche n’est peut-être pas possible. On arrive même à vouloir décourager les autres qui veulent continuer à militer pour ces changements fondamentaux. Je crois qu’il faut se mettre dans la tête que l’on porte quelque chose qui nous a été transmis et l’idée c’est de préparer la transmission à d’autres et un jour on atteindra l’objectif fixé. Je prends l’exemple du premier esclave qui s’est échappé et qui a été repris et tué pour dire que lui il avait soif de liberté, il s’est échappé, mais il n’a jamais vu cette liberté. Mais pourtant d’autres après lui on fait la même chose, beaucoup ont perdu leur vie et pourtant la libération est arrivé plusieurs centaines d’années après. Cela veut dire que l’on ne fait pas forcement quelque chose, que l’on ne milite pas pour voir nous-mêmes les changements mais que l’on transmet le flambeau aux générations futures qui verront ces changements.
Question : Pour terminer peut-être as-tu quelque chose à dire au Cicr qui a organisé cette tournée ?
ED : Encore une fois dans le mouvement ouvrier on ne dit pas merci mais salutations militantes à tous les camarades du Cicr qui se sont investis depuis plusieurs mois pour organiser cette tournée. Nous avons été très bien accueillis dans toutes les villes où nous sommes passés, très bien accueilli par les camarades qui nous ont reçus à Aulnay et un salut particulier au secrétaire du Cicr Gérard Bauvert pour sa sympathie et sa disponibilité.
Propos recueillis le 17 juin par Victoria Melgar et Jean Paul Gady
Le Comité international contre la répression exprime ses remerciements chaleureux à Jacques et Ginette Nepveu, et à Jean-Paul Gady, ainsi qu’à l’ensemble des militants qui ont aidé à organiser la tournée de la délégation de l’UGTG à Lyon, Nantes, Paris, Lille et Limoges.
Retrouvez le meeting du Cicr avec Elie Domota à Paris sur youtube : http://www.youtube.com/watch?v=TMIzJuzA2-8