KONFERANS, LYANNAJ é MEETING èvè Lé REZISTAN - Jeudi 27 Juin 2024
Publié le 24/06/2024
Meeting Solidarité KANAKY mardi 11 juin 2024
Publié le 10/06/2024
Meeting lundi 06/02/2023 à 19h au Palais de la Mutualité
Publié le 5/02/2023
Meeting d’information jeudi 10 mars 2022 à 18h30
Publié le 6/03/2022
Meeting d’information mardi 8 mars2022 à 18h30
Publié le 6/03/2022
Aux fins de colonisation
Le roi envoya aux îles
Son rebut social en exil
Et des soldats en garnison
Des nobles en dissidence
Des paysans, des artisans
Et des manants récalcitrants
Aux percepteurs des finances
Chemineaux des cafés d’Indret
Prostituées de Nantes
De Paris ou bien de Mantes
De la révolte de Juillet
Point d’ingénieur et de savant
Dans la lie d’un régime
Galériens chasseurs de primes
Tel était l’état des présents
Ces blancs libres et engagés
Devinrent les nouveaux maîtres
Participants à la traite
Des bois d’ébènes enchaînés
Partageant le territoire
Et tuants les indigènes
Rebelles au roi sans haine
Pour achever la victoire
A la fin de l’esclavage
La France a rémunéré
Ces colons qu’elle a spoliés
En supprimant le servage
Elle a payé cinq mille francs
De mil huit cent quarante huit
Pour chaque esclave en fuite
Ou libéré de leurs carcans
Avec ce dédommagement
Les colonisateurs devaient
Assurer aux libres sans frais
Un emploi et un traitement
Digne de la République
L’éducation et le respect
Selon les termes du décret
Et l’égalité civique
Les nouveaux patrons ont tout pris
En laissant les noirs pour compte
Usant leur labeur sans honte
Sans jamais être des amis
Ils ont abusé des femmes
Fait des mulâtres malheureux
Sans reconnaître devant dieux
Laissant des bâtards sans âme
En se mariant entre eux
Et en dénigrant les autres
Les colons sont les apôtres
D’un racisme très vertueux
Ils ont fait la différence
En bannissant tous ceux des leurs
Qui ne leur faisaient pas honneur
En souillant leur descendance
En épousant leurs servantes
En faisant des mulâtresses
Des maîtresses leurs déesses
D’une nature riante
Ils ont créé une caste
Pour ne pas disperser leurs biens
Contrôlant les grains et le pain
Loin de l’empire trop vaste
En imposant des noms aux gens
En imposant des noms aux lieux
En imposant leur propres dieux
En imposant tout, tout le temps
Dans leur race ils ont grandi
Comme ils disent fièrement
Gardant particules d’antan
D’un royaume qui les vomit
Ils sont restés royalistes
A la discrétion du pouvoir
De républiques sans gloire
Et d’états colonialistes
Aujourd’hui ils sont les békés
Grands propriétaires terriens
Qui ordonnent à l’état nain
De leur donner et de payer
Ils contrôlent l’import export
Tous les flux de la finance
Les banques les assurances
Les magasins et tous les ports
Ils ont des spécificités
Des passe-droit des subventions
Des zones franches à façon
Non taxés, ils sont remboursés
Tien les voilà les danseuses
De la France que l’on moque
Elles vont bien avec l’époque
Ne sont ni noires, ni gueuses
Elles exploitent toujours les noirs
Qui vivent dans la misère
Et les indiens en galère
Elles n’ont pas honte des miroirs
Danseuses des colonies
Blancs pays ou bien zoreilles
Petits blancs cherchant l’oseille
Expatriés en folie
Pieds noirs vaincus et frontistes
Faillis et nouveaux condamnés
Que la France à rejetés
Immigrés opportunistes
Ces profiteurs ont en commun
Une couleur rose cochon
Un goût pour tout ce qui est bon
Et l’argent est leur seul potin
Au moindre brin de causette
Ils vous questionnent sur un plat
Votre idée fait choux gras
Devient livre de recettes
Si vous êtes l’un absent
Que le BUMIDOM a charrié
Ils prennent vos propriétés
Avec la force du Probant
Et de leur loi trentenaire
Qui vous fait étranger chez vous
Sans leur coûter le moindre sous
Sauf aux complices notaires
Ces comportements à l’excès
D’un groupe et d’une race
Empestent de leur audace
L’ambiance de nos alizés
Nos réactions sont brutales
Et l’on nous dit bellicistes
Parfois même extrémistes
Susceptibles et sans canal
Nous ne sommes pas puristes
Nous ne sommes que victimes
De vols, d’ outrages, de crimes
Et l’on nous veut pacifistes
Calmez vous, ne dites pas ça.
Il est trop tard pour réclamer.
Veuillez remplir cet imprimé
Et demain on vous répondra.
Les mois passent, vous vieillissez
Et si vous osez vous plaindre
On vous tabasse sans craindre
La loi, qui vient vous interner
Vos enfants peuvent étudier
Et passer tous les diplômes
A condition d’être pommes
Infirmières ou postiers
Ils ne doivent pas prétendre
A des postes responsables
Ils doivent être présentables
Blancs dedans et sans s’étendre
Se plier être conforme
Dire oui monsieur, bien madame ;
Baisser les yeux et sans âme
Tout supporter dans la norme.
C’est l’avenir près des colons
C’est un paradis bien triste
A l’ombre de ces autistes
Que nous refusons
Nous ne voulons pas connaître
Ce que nos parents ont vécus
Dans les banlieues des pointus
La France est sans fenêtre
On nous prends pour des africains
Pour des sans papiers sans caution
On nous relègue aux bas fonds
Dans la cale des patelins.
On nous refuse de loger
Au côté des autres français
Pour les odeurs de certains mets.
On nous refuse d’exercer
Les métiers qu’ils nous ont appris
Sur les bancs de leurs écoles.
Cette leçon n’est pas drôle ;
Elle est de trop et j’ai compris.
Nous ne sommes pas gladiateurs
Pour amuser tous vos publics
Vous permettre de faire du fric
Profitant de notre sueur
Nous ne sommes pas des chanteurs
Pour égayer vos spectacles
Ou bénir vos tabernacles
De logorrhées en langueurs
Nous ne pouvons nous résoudre
A être tous fonctionnaires,
Footballeurs ou mercenaires
Et sans cesse vous absoudre.
Nous ne sommes pas des mendiants
Et des bonnes à tout faire,
Pour passer la serpillière
Sur vos erreurs de dominants.
Nous ne voulons plus de vos lois
Et de vos politiciens
Choisis en comités restreins
Selon vos règles de quotas
Dans vos cabinets parisiens
Parmi les marionnettes
Que l’on a criblés de dettes
Pour contrôler notre destin.
Ne représentant qu’eux mêmes
Et les intérêts des puissants ;
Ils sont candidats d’un moment
Pour la pêche à la traîne.
Semblant de démocratie
De placards publicitaires
En émissions mensongères
Choisis par la monarchie
Les élus que l’on impose
Ne peuvent décider de rien
Sauf à désirer pour leur bien
D’être réélus sans cause.
Quatre députés sans moyen
Et trois sénateurs sans ardeur,
Dans un parlement sans couleur
Sont noyés dans le quotidien
De plus de huit cents personnes ;
Qui les ignorent bien souvent
Et les dénigrent tout le temps.
Les assemblées ronronnes
Aux ordres d’un gouvernement
Dont la devise en miroir
Est ne rien dire, ne rien voir
Ne rien entendre dans le vent
Alors, si nous n’existons pas
Entre toutes les élections
Que vaudrait une pétition
Dans l’inconscient de ces gens là
En dehors de leur campagnes
Nos voix s’en vont dans le néant
Conquérir un raisonnement
Le soutien de nos compagnes
Il est temps de se relever
Et de regarder en face
Ce qu’est la lutte des classes.
Il nous faut réagir, aller.
Aller de l’avant, exister,
Ne jamais baisser la tête.
Choisir son destin pour être
Et ne plus être attristé.
Par une histoire pesante
Et par un présent bien trop lourd,
La vie n’est pas un velours
Où les ombres sont passantes.
Nous ne sommes pas spectateurs
Dans un théâtre de zombis
Ni des enfants trop étourdis
Écoutant les bonimenteurs
La France est leur patrie
Ce n’est plus ma métropole
Je me moque des coupoles
Et des ors de l’académie
Mon pays est dans l’océan
C’est une île des tropiques
Où le soleil est unique
Entre le ciel et son volcan
Le bleu de la mer est si pur
Que les algues et les poissons
Forment une toile sans fond
Entre l’écume et l’azur
Un écran au fond d’un écrin
Où l’onde émeut les vivants
Parmi les coraux somnolents
Les homards gris et les oursins
La montagne se regarde
Entre deux îlots du levant
Que le vent coiffe lentement
Dans la parure des arbres
Un pic bœuf dérange son vol
Pour croiser un nuage blanc
Qui s’élance vers l’occident
Avant de s’écraser au col
Dans la verdure des mangles
Dans les sous bois silencieux
Dans le matin sentencieux
Ils passent dans un grand angle
Quand le rideau se referme
L’instant est dans la surprise
La focale sans méprise
A cliché sur mon pied ferme
Le rêve devient souvenir
Dans l’instant d’une pensée
O mon île bien aimée
Tu ne dois plus jamais souffrir
Ceux qui t’aiment sont bienvenus
Ceux qui nous respectent aussi
Ceux qui abusent sont maudits
Ceux là ne sont pas retenus
Ils sont libres de tout quitter
De partir loin dans le monde
Partout où le canon gronde
Où il n’y a point d’équité
Au pays des droits de l’homme
Où la liberté est morte
Le jour où une cohorte
A plébiscité un gnome
Un certain six mai deux mil sept
Il ont perdu l’égalité
En jouant la fraternité
Contre le hasard sans traite
Ils ont gagné un diablotin
Qui les mène droit en enfer
Pille, arrête, met au fers
Ceux qui ne sont pas pour les nains
Qui veulent quitter la barque
Avant d’atteindre le large
Résolus à fuir la barge
Pour voir couler le monarque
Les gens ne veulent plus subir
La loi de tous ces étrangers
Et le bon vouloir des békés
Le peuple cherche à s’unir
Il ne veut plus être traité
De population de France
Il cherche sa délivrance
Dans l’honneur et la dignité
Un peuple debout s’avance
Dans le concert des nations
Ministres sans voix est sans son
Dans le respect du silence
Un petit pays sans canon
Vient de se libérer au pas
Sans violence et sans éclat
Au son du KA sans diapason.
Tous les blancs pays sont partis
Les libanais et les syriens
Des zoreilles sont orphelins.
Ils ont perdus tous leurs soucis.
Dans le temps d’une seule nuit
Ils ont changés tous les drapeaux
De leurs magasins d’oripeaux
Ils se sont adaptés sans bruit
Le dernier avion d’ Air France
Vient de décoller pour Orly
Le Préfet s’en va à Marly
Pour voir son roi en vacances
Quelques chinois errent encor’
Dans les rues de Basse-Terre
En se cherchant un repaire
Pour négocier au son du cor
Les gens ne les regardent pas
Ils vont à leurs occupations
Ou au meeting plein de passions
Le LKP marche au pas.
Dans la douceur de mes rêves
Je m’éveille plein de bonheur
Je n’ai plus cette vieille peur
De l’étranger sur ma grève
Qui compte les grains de sable
Dans sa main gauche en riant
Et me braque en même temps
D’une main droite fiable
Un fusil de guerre tout noir
Pour m’indiquer sans un seul mot
Que si je fais un pas de trop
Je serais mort et toujours noir
La ronde des mots m’anime
Et presse mon cerveau sans heurt
Comme un antidépresseur
Je rentre chez moi sans frime
Entre deux mots le choriste
Avec un vers au fond du cœur
Souffle au comédien joueur
Une rime de fumiste
Ma trompette en Si bémol
Cherche son La dans son émoi
Sur le Do d’un Mi pour un Fa
J’en tombe sur le cul d’un Sol
Qui fait des dièses à la clé
Sur la portée des trilles
Les doubles croches vacillent
Et s’accrochent aux temps d’été
Dans les barres de mesure
Pour fredonner ce poème
Qui m’assaille de rengaines
Et me forcent mon allure
Quand Mélodie me sourit
Au rythme de la biguine
Quand l’harmonie déprime
Le Jazz du quadrille surgit
Entre le zouk et la salsa
Pour faire valser le calypso
De la mazurka au tango
La samba est au bout du pas
Dans une tempête de joie
Le refrain nous entraîne tous
Vers des couplets dits en douce
Ou tous les pieds sont hors la loi.
Le violoniste est en deuil
Son archet s’est brisé sans crin
Dans le silence du matin
Le pianiste se recueille
En refermant la partition
Sur les doigts lents du bassiste
Qui prie les exorcistes
De se taire à l’unisson
Car les sujets sont en peine
De ne pouvoir se défendre
Accusés de se méprendre
De ne pas avoir de haine.
Le ressentiment n’est pas noir,
Sur nous, il n’a pas de prise
Il n’est pas dans nos églises
Car dieu ne peut être que noir
Le chef d’orchestre enquête
Auprès de tous ses musiciens
Il les observe et les tiens
De la main à la baguette
Accordéoniste sans main
Basson pensif à l’air grave
Cor anglais cherchant l’octave
Djembé pris dans un coup de main
Epiphoniste sans corde
Flûte traversière sans pan
Guimbarde privée de dents
Harpiste dans la discorde
Instrumentalisant l’écart
Joué par les congas bongos
Ka timbales et guiros
L’effet d’un simple bécarre
Marimba en palissandre
Nef de bells maillochiste
Ornée par l’ébéniste
Padouk pour les âmes tendres
Quinte de lames pour l’écho
Rébus au manche d’un violon
Saxophoniste baryton
Triangle attendant l’alto
Un hautbois à anche double
Vole au secours d’un tuba
Who is who d’un orchestre las
Xylophone tu me troubles
Y a t’il un souffleur en bas
Zozotant tout bas son texte
Pour le soliste complexe
Qui se défausse d’un faux pas
Et évite une chute
Dans la fosse d’avant scène.
Au balcon metteur en scène
Aristos et bourgeois luttent
Pour choisir parmi les têtus
Le nominé le plus surpris
Désigné pour avoir le prix
« Heureux artiste inconnu. »
2009.03.14
Jean-Jacques Manöel.