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Le leader syndicaliste était invité, samedi soir, dans l’enceinte « polémique » de l’agora, sorte de place publique merveilleuse ou Platon aurait pu jouer toutes ses cartes. Devant un public acquis à sa cause, le Guadeloupéen a brillé par son charisme et démontré sans complexes que si, pour certaines âmes pessimistes, la lutte est une utopie de plus dans les rayons des désillusions à venir, pour d’autres, qui affrontent la fatigue et acceptent le poids de l’incertitude, l’espoir est « un devoir du sentiment », comme le disait le poète portugais Fernando Pessoa.
Si bien que ce qu’Élie Domota incarne plus que tout, à l’échelle locale et internationale, c’est la démonstration « en acte » que le champ des possibles est toujours ouvert tant qu’on ne l’a pas laissé se refermer et mourir de lui-même. Ce qui sous-entend que la liberté du LKP, ici, c’est la perspective de créer ensemble, de rendre bien concret le concept de « rêve générale » qui s’affiche partout dans les meetings de gauche et les manifestations. Ce rêve à reconduire, qui sans nul doute aurait été celui de Jean Jaurès, c’est le refus obstiné, naïf et précieux de croire que l’inégalité et l’injustice s’installent inévitablement et durablement là où elle s’improvise norme. Comme dans un jeu cynique où classes moyenne et ouvrière seraient les premières victimes de déterminismes sociaux et culturels qui entrent sans arrêt en compétition.
Élie Domota invite donc à partager l’idée selon laquelle la volonté est toute-puissante si elle se donne les moyens d’assumer ses ambitions, une autre façon de proclamer que rien n’est en soi impossible. L’espoir s’invite dans la rue pour les Guadeloupéens, reste à tous les peuples progressistes à franchir le pas « idéologique ». Là, les urnes valideront la noblesse émancipatrice de l’« hypothèse communiste » en même temps que résonnera le chant d’un socialisme nouveau, libéré des compromis libéraux et d’un certain défaitisme de masse. Élie Domota est en somme un « pur projet » qui se construit lui-même, en même temps qu’il construit le mouvement général de toute une nation.
Nicolas Dutent,
L’Humanité
Article paru le 14 septembre 2009