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De la grève de 1910 au LKP : Un siècle de luttes en Guadeloupe

Sonjé : 1910 - 2009, Nou toujou goumé !
 

Wi sé vré lespwa éklò pendant les 44 jours de grève générale que nous avons mené en Guadeloupe. Dans notre pays de janvier à mars 2009, les femmes, les hommes, la jeunesse, les travailleurs : le peuple a envahi la rue pour signifier aux pwofitan, à tous les pwofitan notoires, sa revendication de vivre autrement.

Wi sé vré, par milliers, NOU Les guadeloupéens, Nèg, Zendyen, Blan, avòté kon matrité, avons fait la démonstration, avec nos mès é labitid, paré de nos couleurs, scandant notre chanté, que konplo a nèg a pa konplo a chyen !

Faut-il voir là, comme certains, un certain hasard qui sait si bien faire les choses, ou pire, une chance providentielle, cadeau tombé du ciel ? Erreur masili a gwotèt !
C’est bien là le fruit d’une construction par des luttes successives que bien d’autres vayan avant nous, d’autres Nonm é Fanm, ont mené depuis tantôt. Sé on filyasyon a konba a pèp, konba a travayè é a mouvman kiltirel.

Wi sé vré, padavwa sonjé :

Février et mars 1910, la grève des ouvriers agricoles de la Grande-Terre et de la région de Capesterre Belle Eau pour revendiquer la suppression du travail à la tâche et des augmentations. Bilan : 4 morts et 12 blessés.

Février 1925, grève des petits planteurs, à l’usine de Duval, Petit-Canal, pour réclamer un meilleur prix de la tonne de cannes. Les militaires présents tirent sur les manifestants. Bilan : 6 grévistes tués et 7 blessés.

Février 1930, Tuerie de Bonne-Mère et des Abymes. Non respect par les usiniers de l’arrêté du gouverneur qui fixe le prix de la tonne de cannes à 127, 75 francs et une augmentation de 10% de salaires pour les ouvriers agricoles. Les gendarmes fusillent les grévistes. Bilan : 3 morts.

14 février 1952, grève des travailleurs dans la région du Moule noyée dans le sang. Meilleure rémunération de la journée de travail, allègement des tâches, meilleur prix de la tonne de canne, sont les principales revendications des petits planteurs et colons de la Guadeloupe. Suite aux barrages érigés à l’entrée de la ville du Moule, les CRS tirent sur la foule ; tuant 4 guadeloupéens (Constance DULAC, Capitolin JUSTINIEN, Edouard DERNON et François SERDOT) et en blessant 14.

Mai 1967, grève des ouvriers du Bâtiment réclamant 2% d’augmentation et de meilleures conditions de travail. Là encore, les CRS tirent sur les guadeloupéens partout dans les rues de Pointe à Pitre. Bilan : 87 morts, dont Jacques NESTOR, et 200 arrestations.

1971, grève de L’UTA pour revendiquer sa représentativité. Mouvement de grande envergure qui s’étendra dans le secteur du Bâtiment avec l’unité syndicale comme ferment de la lutte et le soutien des étudiants, lycéens et enseignants. [1]

1972, année de bilan et de consolidation. Mise en place des écoles du soir pour l’éducation populaire. Grande collaboration des intellectuels avec les travailleurs paysans et les ouvriers. Epoque des grands koudmen dans les champs.

1975, grève dans le secteur de l’industrie sucrière. Séquestration des directeurs d’usines. Remplacement des travailleurs guadeloupéens par des travailleurs haïtiens déportés. Grève de la faim du père Chérubin CELESTE en soutien aux manifestants grévistes. Grand soutien des étudiants, lycéens et enseignants, des artistes.

1982, grève à Air Guadeloupe.

1985, l’affaire Georges FAISANS.

1999, l’affaire Pascal SEBASTIEN.

2001, l’affaire Michel MADASSAMY.

Par conséquent on comprend aisément qu’après une telle succession de luttes en Gwadloup, qu’il n’y a pas de place pour le hasard.

Liyannaj Kont Pwofitasyon s’inscrit bien évidemment dans cette continuité du soulèvement des masses, affirmant constamment lalit klas kont klas ainsi portée par des hommes et des femmes, syndiqués ou non, des associations culturelles et politiques, contre la pwofitasyon et pour la dignité et le travail. Mouvement rassembleur et largement fédérateur de revendications qui a su faire état de sa capacité à liyanné la lutte de masse lors des grands rassemblements et la lutte militante sur les barrages.

Malgré certaines conséquences dramatiques comme la mort de Jacques BINO et du jeune Steeve FISTON, l’amplification du mouvement et le franchissement de tous les obstacles ont permis au LKP de faire tomber au fur et à mesure toutes les oppositions et obtenir la signature de l’accord salarial interprofessionnel jacques BINO dès le 26 février 2009 et du protocole d’accord du 4 mars 2009.

Ainsi donc, pour nous adhérents, militants et dirigeants de L’UGTG, c’est la traduction la plus fidèle de notre engagement pris sur nos orientations lors de nos trois derniers Congrès :

2002, Gwadloup péké konstwi san travay ni san travayè.

2005, Sé Fanm, Nonm é angajman, An konsyans, balan é inité, san janmé manjé an men a yo Ka kalbandé espwatasyon kapitalis é kolonyalis.

2008, Sé silon jan ou bityé ou kapab rékolté saw planté. Annou kontinyé nouri lalit. Pon disou pa pèd !

Nous pouvons aisément comprendre les contorsions multiples et le malkadik qui secouent nos politiciens et autres accoucheurs de pensées. Car un tel déferlement a Fanm, Nonm et de créativités d’un peuple constamment réprimé, dénigré, ne peut que désemparer et faire grincer jusqu’à exploser les sempiternels rouages.
Mais pour nous, acteurs depuis l’aube, c’est bien cette partition que nous comptons jouer sans relâche avec détermination. Immense fierté a kontinyé nouri lalit sur l’idée que nous nous faisons de nous mêmes et sur nos prétentions à la construction d’une société nouvelle et plus juste pou nou é pou pitit annou.

Encore une fois, Liyannaj Aksyon, Kanpèch... LKP, c’est NOU. Toute une suite d’expériences construites par les luttes que nous avons menées et qui aujourd’hui nous autorisent à toujours plus d’audace pou maché si yo.

UGTG - Juillet 2009

Source : La Lettre du Militant, Journal d’information des adhérents de L’UGTG

Publié par la Centrale UGTG le lundi 31 août 2009

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