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Au menu du restaurant Kon Tiki, racisme & phobie des enfants

>Mots-clés : Racisme 
 

Quand on n’aime pas les enfants et qu’on n’a pas de fortune, il faut acheter des singes. [E. et J. de Goncourt]

Vendredi 17 juillet dans l’après-midi, je prenais un pot avec une amie au restaurant-buvette Kontiki, situé sur la plage du bourg de Sainte-Anne (au fond à gauche). Mon amie était avec son fils de 3 ans et moi avec mon fils de 5 ans. Le restaurant était quasiment vide, puisque à part nous, seule une autre table était occupée, sur la bonne vingtaine de tables disponibles.

Les enfants après avoir mangé une crêpe et bu un jus sont sortis de table et se sont mis à jouer avec le fils du couple de propriétaires. Le propriétaire était manifestement mécontent et inquiet de voir les enfants circuler entre les tables, et s’en est plaint. Puis le fils de mon amie, qui n’a même pas encore atteint ses 3 ans, s’est mis à secouer un arbre avec ses mains. Mon amie a tout de suite demandé à son fils d’arrêter. Affolé par ce bambin qui mettait la nature en danger, le propriétaire s’est immédiatement approché en criant que c’était trop, que c’était inadmissible, que nous ne tenions pas nos enfants, et qu’il valait mieux que nous partions.

En allant payer à la caisse, j’ai voulu exprimer à la propriétaire notre mécontentement devant le manque de patience et de gentillesse de son mari, vis-à-vis des enfants et des clients que nous étions. J’ai essayé d’attirer son attention sur le décalage entre l’énervement de son mari, qui enchaînait cigarette sur cigarette dans un cadre appelant plutôt à la sérénité, et le caractère inoffensif des gamins qui avaient si rapidement sympathisé avec leur fils. Après quelques échanges, la propriétaire m’a dit :

« Si vous n’êtes pas content, vous n’avez qu’à rester dans votre communauté. »

Je lui ai demandé ce que cela voulait dire, et elle a hésité avant de bafouiller quelque chose d’incompréhensible.

Je ne m’attarde pas sur ses remarques préalables du type «  Il y en a qui travaillent, ici !  » (me dire ça, à moi, quel bon goût !).

Je suis noir, mon fils est métis, et j’étais avec une amie blanche. Je ne suis pas dans une optique d’opposition entre couleurs de peau. Et je me retrouve face à un couple de métropolitains blancs, qui ne sont pas nés en Guadeloupe, qui sont venus ici pour gagner de l’argent avec le tourisme guadeloupéen, et dont la femme se permet de me signifier assez clairement que je ne suis pas le bienvenu dans son établissement en raison de mon appartenance à une communauté dont elle ne ferait pas partie. Comme pour moi il n’existe qu’une seule communauté pertinente, qui est celle de la grande famille humaine, j’ai beaucoup de mal à interpréter ses propos ! Peut-être qu’à force de ne voir que des touristes plus pâles, elle a cru que je venais d’une autre planète très éloignée de l’endroit où elle se trouve ? Plus sérieusement, il est tout à fait inadmissible que des personnes qui ont ce genre de propos et de conceptions puissent continuer à exercer ici, en Guadeloupe, dans notre contexte, comme si de rien n’était.

Est-ce que porter plainte suffit ? Ce genre d’incident anecdotique ne mérite-t-il pas une réaction ferme, pour fixer des limites à ce que nous tolérons sur notre île ? Notre communauté guadeloupéenne doit être ouverte à toutes les personnes de bonne volonté, quelle que soit leur origine, mais ne peut plus se permettre de tolérer des personnes de cet acabit.

Régis Cornélie

Régis Cornélie est né, a grandi et obtenu son baccalauréat en Guadeloupe, puis a suivi une classe préparatoire à HEC à Versailles avant d’intégrer l’école HEC. Il en a été diplômé en 1997 avec une spécialisation en finance.

Régis a commencé sa carrière comme banquier d’affaires dans le conseil en fusions & acquisitions. Il a appris ce métier à la Compagnie Financière de Rothschild, puis l’a exercé à New York avant de revenir à Paris.

En 2001, il a rejoint le Boston Consulting Group, leader mondial du conseil en stratégie pour les directions générales de grands groupes.

En 2005, il a quitté le Boston Consulting Group pour se consacrer à la
création et au lancement de La Fabrique de Douceurs, qui produit en Guadeloupe des fruits confits tropicaux haut de gamme, www.lafabriquededouceurs.com

NB : Publié après accord & aimable autorisation de R. Cornelie

Lire son interview sur le site www.grio.com

Post-Scriptum

NDLR : Depuis janvier 2009, des centaines de mail - trop souvent anonymes - circulent sur le net sur des exemples comparables, voire bien plus sordides. Pour la première fois, nous faisons le choix de publier un de ces témoignages. Auparavant, nous avons pris l’attache de R. Cornélie qui nous a spontanément accordé l’autorisation de publier et de diffuser son expérience. D’autres suivront.

Mais bien entendu, ce couple dont nous tairons pour le moment le nom, n’a rien à redouter de la justice... : A ce jour, aucun blanc n’a eu à répondre de ses propos ou pratiques racistes en Guadeloupe... Les poursuites sont réservées aux seules victimes, les colonisés, fussent-ils noirs, nègres, métis, indiens, antillais, domiens, îliens, rupiens et autres dfayens qui osent s’élever contre ce racisme généralisé dont nous sommes victimes ; ou sont diligentées contre les mili-avocats qui défendent les haîtiens, les militants syndicaux, les sanlajan, les citoyens de toutes couleurs victimes de - ou luttant contre - la barbarie coloniale française an péyi Gwadloup... Qu’on en juge :

Depuis janvier 2009, aucune poursuite n’a été engagée en Guadeloupe contre DESPOINTES, pas plus que contre les propos racistes & depuis renouvelés en pire de DAMOISEAU...

Le 16 février dernier, des gendarmes qui avaient roué de coups le syndicaliste Alex LOLLIA, lui ont aussi tenu des propos racistes.

En mars dernier, E. BOULOGNE, après avoir initié une marche avortée le jour même du massacre de plusieurs guadeloupéens au Moule, invitait à brûler Elie DOMOTA, bien entendu, en se cachant derrière un humour qui lui ressemble bien...

Toujours en mars dernier, sur dénonciation de BOULOGNE Edouard - et de E. NEDELKOWSKI ? - le même PRETRE déclenchait une enquête pour incitation à la haine raciste contre Elie Domota...

En avril dernier, un témoignage est repris sur radyotanbou par R. MOUNIEN : récit sur une société spécialisée dans le transports de fonds - TRANSBANK - qui n’emploie que des blancs et ordonne aux sociétés d’intérim complices de refuser toute candidature noire ou guadeloupéenne, fusse t-elle celle d’une épouse de militaire...

Depuis des mois, des blancs colons et racistes se donnent rendez-vous sur des sites internet - dont en tout premier lieu un site nommé DOMACTU - afin de nous insulter copieusement.

Depuis des années, et plus particulièrement depuis le déclenchement du mouvement du LKP, une partie de la presse française s’est fait une spécialité du mépris colonial et raciste jadis véhiculé par FINKIELKRAUT et d’autres intellectuels à gages. Qu’on se remémore la célèbre formule de BARBIER : "travailler à l’antillaise".

Voilà quelques années, un citoyen et militant du PCG de la section de Sainte-Anne, AREKIAN, avait déjà subi les foudres de la justice coloniale et du premier de ses représentants le sinistre procureur PRETRE qui lui reprochaient d’avoir fait mention des allogènes européens présents sur la plage de... Sainte-Anne !

Face à cela que font ceux qui sont chargés par essence de défendre ce peuple (politiciens - en premier lieu V. LUREL - & intellectuels - J. DAHOMAY) :
- Dénoncer le racisme et le macoutisme des... Guadeloupéens et de leurs leaders (indépendantistes et syndicalistes de l’UGTG), fournissant ainsi à ceux dont les mains et les consciences sont remplis du sang de leurs victimes (noirs, nègres, colonisés) des arguments pour hurler au racisme anti-blancs et anti français...
- Aider ce faisant un état raciste, colonial et négationniste comme la France à maintenir sa domination sur notre peuple
- Préparer sans le savoir notre disparition programmée ; quand au même moment un président noir américain consacre, lui, tout un discours au combat contre la domination raciale... Discours qui en Guadeloupe soulèverait les mêmes cris d’orfraie des mêmes, ces valets de la domination raciale, coloniale et capitaliste de notre pays...

Publié par Ibuka le jeudi 23 juillet 2009

Forum article


  • >Au menu du restaurant Kon Tiki, racisme & phobie des enfants
    24 juillet 2009, par Sikakoko

    Je sais que mon commentaire ne sera pas publier, mais je m’en fiche, du moment que l’un de vous le lis.
    Il est évident que les propos de ce restaurateurs, s’ils sont bien racontés dans le même contexte qu’ils ont été vécu, sont révoltants. Mais publier un tel article, mettre en avant cette mésaventure, comme un exemple fondamental, pour démontrer la cupidité et le racisme des métropolitains (de tous ?) est en tous points inacceptable.
    A quand des articles similaires qui racontent les mésaventures de blancs se faisant insulter, voler, tabasser par des noirs racistes qui ne se gène pas pour leur montrer leur aversion du blanc ? Choses qui arrivent BEAUCOUP plus souvent que l’inverse.

    Je ne m’attarderai pas sur le reste stérile et gluant du post-scriptum.


  • >Au menu du restaurant Kon Tiki, racisme & phobie des enfants
    29 juillet 2009

    en tant que responsable du restaurant le Kontiki, je tiens à rétablir la vérité suite à l’article écrit par Mr. Régis Cornélie.En effet, ce monsieur est venu dans mon restaurant ,accompagné de ses enfants et de son amie ,le 17 Juillet dernier.La seule vérité est qu’effectivement,à un moment donné ,aux vues de l’attitude de ses enfants,j’ai demandé à cette personne de faire en sorte que ces derniers arrêtent de détériorer les plantes du jardin.Je tiens à préciser que pendant que ce monsieur discutait avec son amie,ma femme s’est occupée à deux reprises de son fils qui était tombé,en le soignant avec de la bétadine et des glaçons.Je tiens aussi à dire que ce monsieur n’a pas voulu payer ses consommations et qu’il a fallu que j’aille le chercher sur la plage,afin qu’il règle ce qu’il avait consommé ;ce qu’il a refusé de faire car c’est son amie qui a fini par payer.Je tiens aussi à ce que ce monsieur sache que mon épouse est née au Sénégal et que je suis moi-même fils d’immigrés italiens et portugais,que nous habitons en Guadeloupe depuis 20ans et que notre fils est né en Guadeloupe.En aucun cas il n’a été question de ségrégation ou de propos déplacés dans notre conversation avec ce monsieur.Notre seule vision des choses étant qu’il n’existe sur Terre qu’une seule communauté:celle d’êtres humains au sang rouge et aux os blancs. Je suis déçu de voir que des gens aussi cultivés que ce monsieur-aux vues de son CV-essayent de créer des tentions au sein de la population et de colporter des propos calomnieux à un moment où nous devons tous nous serrer les coudes pour arriver à nous en sortir.Je dois reconnaître effectivement que je suis un gros fumeur (il est vrai qu’à Boston, d’où arrive ce monsieur,on n’a pas le droit de fumer même en plein air)et que dans toute cette histoire ,la seule personne qui se soit vraiment énervée est Mr.Régis Cornélie et ce, devant d’autres personnes présentes dans le restaurant et sur la plage.Je suis désolé que ce monsieur se soit vexé,mais je trouve sa réaction démesurée face à une situation qui ne mérite pas tout ce tapage !


    • >Au menu du restaurant Kon Tiki, racisme & phobie des enfants
      5 octobre 2009, par kiki

      J’aimerais tant retrouver ma Guadeloupe d’an tan pa s lontan que ça ! Je suis fille d’un père Africain et d’une mère Guadeloupéenne. J’ ai passé en tout près de 20 ans sur mes 40 années de vie sur terre en Guadeloupe, (dont 5 ans de mon enfance) mais je suis toujours surprise d’être appeléé l’Africaine plutot que par mon prénom... Non pas que je renie mes origines mais plutôt pour poser la question : qu’est-ce qu’un Guadeloupéen ? A t il une couleur ? A t il une origine ? Pour ma part, je répondrais que le véritable Guadeloupéen est Indien d’Amérique et je doute qu’il en reste plus d’1% ! Alors franchement, tant que cette réalité ne sera pas intégrée, la petite gueguerre inutile du domino fera l’impasse d’une triste réalité économique qui commence à nous submerger de manière vitale. Et ce qui me rend plus triste, c’est que c’est intellectuellement partagé !