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Esprit Liyannaj - Portrait militant d’Elie Domota par l’Humanité

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Moi, nous : portraits de lutte

Jusqu’au 21 août, en quinze épisodes, L’Humanité présente, chaque jour, une « figure » des conflits récents. A travers un portrait à la fois intime et collectif, l’idée est de vous faire rencontrer, au sens fort, des personnalités aperçues ça et là dans les colonnes du journal tout au long de l’année écoulée.

De rentrer dans leurs luttes à travers leurs vies. Et, peut-être, de contribuer à les rassembler toutes.

Comme le soleil ne se couche jamais sur l’empire de la pwofitasyon, les Guadeloupéens se sont levés en masse. Et Élie Domota, le porte-parole du LKP, reste plus que jamais « doubout ».

Il a plus de deux fois vingt ans, s’appelle Élie Domota et pense que les rapports d’un autre temps n’ont jamais évolué entre la Guadeloupe et la métropole. Comme il y a quatre cents ans, les liens demeurent des liens coloniaux. L’agriculture, sur cette île antillaise, est une agriculture de type colonial. En premier lieu la banane, dont le produit profite avant tout aux descendants de propriétaires d’esclaves. Il sait, aussi, que la caste des « profiteurs » ne veut pas « décaisser » ce qu’elle a encaissé. Pour lui, c’est sûr ! Quelque chose ne colle pas entre la France et la Guadeloupe.

Des questions le font rire. « Qu’avez-vous fait de vos vingt ans ? » demande-t-on. Il n’a pas de réponse, on l’entendrait presque hausser les épaules. Il sait seulement qu’il est père de trois enfants et qu’il est content de la vie. Rien à ajouter. Aujourd’hui, on le connaît surtout pour être le porte-parole du collectif LKP (Liyannaj kont pwofitasyon) qui, au mois de février, a fait flamber la colère des Guadeloupéens. De ses vingt ans à aujourd’hui, la réalité est que son existence a été bien remplie. Le mouvement social commencé en janvier, et qui s’est arrêté après quarante-quatre jours de grève générale avec leur lot de coups et blessures, de provocations policières et du mépris présidentiel, n’a pas encore, selon lui, débouché sur la vérité. « C’est un long travail qui a commencé », estime le leader du LKP. « Un certain nombre d’avancées ont été actées. Il faut cependant rester vigilant et vérifier la bonne application de ces engagements. » Pour ce Guadeloupéen, né en 1963 d’un père charpentier et d’une mère femme de ménage, que certains surnomment « Moïse », le chemin parcouru est immense. À Basse-Terre, entre ses parents, ses quatre frères et sa soeur, Élie Domota a vu le quotidien de ceux qui, à longueur de temps, « bouffent de la vache enragée ». À quatorze ans, il intègre les Jeunesses ouvrières chrétiennes (JOC) et commence à aiguiser son tempérament militantiste.

Le souci de la « Gwadloup » est en Élie Domota. Bien en amont de ses vingt ans. Aujourd’hui, il est l’homme par qui la « pwofitasyon » a été dénoncée en Guadeloupe. Durant la grève générale, on le voyait avec le visage dur, fermé. En parfaite adéquation avec la situation de son pays. Maintenant, l’entendre rire permet de l’imaginer, haranguant la foule avec son « parler créole » sans concession, en « papa gâteau » riant avec ses enfants. Pour ceux qui le côtoient, Élie Domota est un bon vivant. Un Guadeloupéen « doubout ». Bien droit dans ses baskets. Il fustige des politiques, les accusant de faire peu cas de son pays. Certains journalistes aussi qui, dit-il, « se sont livrés à la désinformation en règle pendant quarante-quatre jours de grève générale ». En ressortant cela, la voix du leader du LKP le resitue au milieu de ses frères. Au plus chaud de l’exaspération. Parmi les travailleurs guadeloupéens contre lesquels « on a lu et entendu des commentaires de gens qui n’ont jamais mis les pieds en Guadeloupe. Ni jamais cherché à

comprendre ce qui se passait dans ce pays ». Le souvenir de ces jours de combat efface le rire et le sourire. Le visage se fait plus dur lorsque le porte-parole du LKP parle de la « pwofitasyon ». Sa voix monte d’un ton. Comme lorsqu’il négociait, pied à pied, avec les émissaires du gouvernement, le secrétaire d’État chargé de l’outre-mer, Yves Jégo, en tête, ou avec les patrons en Guadeloupe. « Certains de ces gens n’ont pas hésité à nous traiter de racistes, de "tontons macoutes", de xénophobes », s’emporte-t-il, avant d’ajouter, qu’aujourd’hui, « la révolte des travailleurs » touche la métropole. Cette « révolte » sur le continent, que le LKP soutient, a pour nom « détresse sociale, luttes sociales, alors qu’en Guadeloupe les détracteurs l’appellent terrorisme, racisme anti-Blancs… »

Aujourd’hui, à deux fois vingt ans, ce qui caractérise Élie Domota parmi les Guadeloupéens c’est qu’il est secrétaire général de l’Union des travailleurs de Guadeloupe (UGTG). Il est à la tête du syndicat le plus important de l’île. Une trajectoire, normale selon lui, qui s’explique par le fait d’avoir « grandi dans un quartier populaire très décrié ». « Très tôt, j’ai été confronté à l’injustice et aux

inégalités. » Pour le syndicaliste, cela a joué dans son engagement. D’avoir milité à la JOC ainsi que d’avoir fréquenté l’Union nationale des élèves étudiants guadeloupéens cela l’a aidé à comprendre certaines choses. Depuis toujours, dit-il, « on nous apprend tout de la France, de l’Europe. Mais le plus surprenant, découvert lors de mes études dans l’Hexagone, c’est l’ignorance presque totale autour de la Guadeloupe. Personne ne savait comment nous vivions, ni ce que nous faisions ».

Pour Élie Domota, la connaissance des misères du monde du travail a emprunté une troisième voie. Lorsque, à son retour de l’Hexagone en 1991, il fréquente ce domaine en qualité de directeur adjoint d’une agence ANPE. Élie Domota dérange. Pour l’abattre, lui et le LKP, ses adversaires usent de tout. Comme de le déclarer violent, un petit peu à cause d’une prise de bec un peu vive avec le patron du MEDEF guadeloupéen, Willy Angèle. On lui a aussi intenté un procès, parce qu’il a dit ne pas permettre « à quelques békés de vouloir rétablir l’esclavage en Guadeloupe ». Mais peuvent-ils faire peur au LKP ? Le leader syndicaliste et porte-parole du collectif l’a montré et répété à maintes reprises : aujourd’hui que la « Gwadloup » est debout, ce ne sont pas les békés antillais, ni l’État français et plus largement tous les profiteurs d’un système basé sur l’injustice, qui lui donneront des leçons. Domota sait que l’État a commencé à torpiller des engagements pris lors de la grève. Mais ce qui lui tient à coeur, « c’est de faire évoluer les mentalités et les consciences ». Le leader du LKP, de l’UGTG et responsable ANPE veut que, petit à petit, les Guadeloupéens acquièrent une plus grande confiance et plus d’audace. « Il est inconcevable que les seuls modèles qu’on nous présente ne correspondent pas à ce que nous sommes. » Pour lui, « il y a un processus de "zombification" des Guadeloupéens pour les empêcher de croire en eux ». Mais la lutte continue. Et, pour Élie Domota, les Guadeloupéens doivent mener leur combat solidairement avec les autres travailleurs de France, d’Europe et du monde.

Fernand Nouvet
L’Humanité
Vendredi 15 aout 2009

Post-Scriptum

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Publié par la Rédaction le samedi 15 août 2009

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